Ceux d'en face 2013, à Saulx-les-Chartreux (91)

Publié le 24 avril 2013 par Onarretetout

Le Festival « Ceux d’en face » d’Animakt, à Saulx les Chartreux (91), c’est beaucoup de rencontre, de partage, de découverte. Cette année, nous avons navigué entre l’ombre et la lumière.

Siméon Joly, voyant, (« Tu y crois, toi ? Eh bien pas moi », avoue-t-il) fait tout pour nous y faire croire : les accessoires, la voix, le discours sur la démocratie et la manipulation. C’est bluffant, bien sûr. Comment fait-il pour deviner le mot pris au hasard dans un livre ? Comment prévoir la rune tirée par un spectateur ? Comment dessiner l’image du haïku choisi par quelqu’un dans le public ? On sort de là avec assez d’admiration pour que le propos du « voyant » nous obsède : la liberté de choisir ? Quelle liberté ?

Le groupe Tout de suite, j’aurais dû dire non. Cet érotisme ne me convient pas. Les voix affectées, elle nue sous sa robe noire, et lui vêtu d’un ridicule collant asexué s’affublant un temps d’un accessoire. C’est quoi, ça ? De l’érotisme ? Le mot « bite » est tellement petit (quatre lettres, et un son qu’on prononce en serrant les lèvres). Et j’ai du mal à accepter la chanson que la chanteuse termine par « Eclate ma gueule ». De l’humour ? Celui d’adolescents croyant choquer. Je me suis senti piégé par une prestation qui sentait une sueur aigre.

Heureusement, Les Bistaki proposaient dans une ancienne cour de ferme un spectacle de danse où ensemble signifiait quelque chose : même costume blanc, du maïs, des sacs noirs, des balais et des pelles. Les objets maniés convenaient à cet espace ouvert, traversé, sur un tapis noir ou sur l’herbe verte. Relations tendres ou violentes, formes courbes dessinées au sol, et mouvements vers le ciel où, coïncidence, passe un avion. Evoquant des jeux d’enfants, des rivalités ou des complicités d’adultes, ces quatre danseurs nous font une haie d’honneur à la fin.

L’exposition Pan(d)orama dans le noir et le silence, j’y suis allé seul. Les lattes du plancher craquaient et des sons guidaient ma curiosité. La petite lampe frontale faisait apparaître un cadre, des yeux tournés vers moi, des objets rendus étranges par l’ambiance. C’était bon de s’asseoir quelques instants dans une pièce obscure où, selon la direction où je tournais la tête, je voyais un volume sortant d’une caisse en bois, un personnage comme cloué à ce bois, et c’était le grenier d’une enfance, du vivant suspendu, une présence.

Les chiennes nationales,  pour terminer cette soirée du dimanche, jouaient « La vie devant soi », d’Emile Ajar. Leur parti-pris d’incarner tous les personnages, tantôt l’un tantôt l’autre, donne à leur performance l’allure d’un récit partagé, dans une esthétique pauvre (photos bricolées dans des cadres en carton, linge pendu à des fils autour de la scène, mobilier d’occasion) et alternant la scène et la salle pour mieux y associer le public.

Nous avions, auparavant, pris le repas dans la rue, autour des tables où l’équipe d’Animakt qui nous avait accueillis et guidés durant ces quelques heures n’a pas hésité à danser.