"Les Willoughby" de Lois LOWRY propose une histoire d'orphelins, pas si orphelins, de parents exécrables, d'une nounou qui pourrait être odieuse et d'un milliardaire triste et pouilleux.
Le ton est donné dès les premières pages. Les parents Willoughby ne connaissent pas le nom de leurs enfants et décident de partir en vacances sans leur progéniture. Ils embauchent une nounou, la énième, sans même lui parler, parce qu'il ne faut pas pousser tout de même, et mettent en vente la maison... les enfants se retrouveront à la rue, tant pis!Tim, l'ainé, les jumeaux Barnaby A et B et la petite dernière Jane, ne voulaient plus d'eux de toute façon. Et puis quand on est élevé aussi mal c'est assez logique d'avoir des comportements pas forcément gentils. Un bébé est abandonné sur le pas de la porte, bah, il faut l'abandonner à une autre.
Les règles sont données. Tim décompte les points selon la pertinence d'une vie d'enfant: bien se comporter, être éloquent, ne pas couper la parole, être alerte. Mais avec l'arrivée de cette nounou qui n'est pas ce qu'elle semblait (beaucoup plus maternante et réconfortante que ce qu'il pensait), la vie reprend des couleurs. Des cartes postales des parents ponctuent leur "abandon" si joyeux. Ils défient la mort sans jamais y passer.Et tous les personnages, mauvais et bons, se déclinent. L'histoire partait mal et pourtant, comme l'indiquait la quatrième de couverture, ces vies "vieux jeu" vont devenir pleine de bons sentiments.
L'impertinence des enfants mais aussi le caractère exécrable et sans excuse de certains adultes sont assez jouissifs. La parenté n'est pas évidente, le respect non plus et la famille devient le regroupement de ceux que l'on choisit. Des anecdotes sont aussi très rigolotes comme une nounou statue d'albâtre ou ces cartes postales parentales.Et le livre finit bien. Alors non, je ne suis pas contre les happy end mais je suis restée un chouïa sur ma faim. Mais je suis sûr que les jeunes lecteurs trouveront eux tout ce qu'il faut pour réfléchir sur le respect, sur l'amour filial et parental avec assez de gentillesses pour ne pas être déstabilisés à la fin.
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J'en ai profité pour lire le petit carnet sur l'auteur offert par les éditions l’École des loisirs: "Lois Lowry, mon auteur préféré" de Agnès DESARTHE.J'aime ces focus, même parfois malgré une réticence pour l'écriture des auteurs en question. Là, je compte bien lire d'autres propositions de cette écrivaine américaine venue à la littérature jeunesse sur le tard.Agnès DESARTHE nous la dévoile photographies par photographies. Les prémices d'une imagination sont là, d'une solitude aussi. En sandwich entre sa soeur et son frère qui accaparent l'attention. Il y a aussi ce manque de présence parentale, un père absent par son métier, une mère occupée à être mère des autres.Il y a là de la curiosité, des débuts d'histoire mais aussi des retournements de vie propres à offrir ce qu'il faut d'impulsion.Lois LOWRY apporte une écriture adulte aux plus jeunes. Les difficultés, les moments durs ne sont pas mis sous silence, même la mort et, pourtant, il semble que l'on peut retrouver sous sa plume beaucoup de tendresse et d'humour comme dans ce livre-ci.Une belle mise en scène est aussi l'interview de certains personnages récurrents de LOWRY. C'est adulte et pourtant tout à fait intriguant pour les enfants.Je reviendrais peut-être sur ce dévoilement de cette auteure après d'autres lectures. A suivre alors... peut-être.