Depuis le 4 avril 2013, le nouvel album de Fally Ipupa est sur le marché de disques. Trois ans après le précédent, «Arsenal de belles mélodies» (2010), cet opus intitulé «Power» a fait une entrée fracassante dans le microcosme musical de Kinshasa, en dépit d’avoir ressuscité les vieux démons de la polémique congolaise !
En plein cœur de Matongué, cité d’ambiance de Kinshasa, depuis la sortie de ’’Power’’, des groupuscules de jeunes gens s’amassent devant les maisons d’édition afin d’écouter en premier les nouveaux morceaux contenus dans Power. Au fur et à mesure que le bloc s’agrandit, les discussions s’enflamment sur les prouesses réalisées par l’artiste Fally et son groupe tant au niveau des rythmiques, qu’à celui des textes ou des intonations vocales. Alors que ses fans invétérés sont d’avis que le chanteur a davantage progressé du point de vue de son talent, d’autres plus modérés déclarent qu’il est dans la continuité de ses précédents disques.
«Il n’est pas en symbiose avec les textes. La qualité du son et la performance numérique sont similaires à l’album V12 de son ancien mentor Koffi Olomidé. Je préfère l’entendre dans les folklores que dans la rumba dite congolaise…», a sévèrement jugé Christian Nzau Lembe, un communicologue pourtant mélomane de la musique de Fally Ipupa. Pourtant son collègue, Primo Nzela, assure que Fally, un garçon intelligent, a encore une fois abattu un remarquable travail et confirmé sa place au plus haut sommet de la pyramide des artistes congolais. «Il faut suivre Trace TV pour s’en convaincre…», souligne-t-il. Fally-Ferré : c’est la guerre larvée Autres temps, autres mœurs ! Il y a une quinzaine d’années, les médias, les rues, les milieux professionnels, voire les sphères politiques étaient dominés par une rivalité sans pareille entre JB Mpiana et Werrason, autour du leadership musical national. Cette situation qui a causé tant de dégâts dans les familles congolaises, jusqu’à provoquer mort d’hommes, est entrain, ni plus ni moins, de se rééditer depuis près de 5 ans à Kinshasa et dans l’arrière-pays, avec de nouveaux acteurs : Fally Ipupa et Ferré Gola. Pour preuve ! Il suffit de critiquer négativement une de ces stars, et on est vite étiqueté. Depuis la sortie de «Power», les flèches les plus empoisonnées sont incontestablement venues des intransigeants de Ferré Gola. Pour eux, l’album est un flop ! Ils estiment que la dégringolade de Fally avait déjà commencé avec son single «Sweet life», œuvre complètement déconnectée des réalités musicales congolaises. «Avec 22 titres dans un seul album, on ne sait plus si c’est la même chanson qu’on vient d’entendre ou une nouvelle, tellement il y a ressemblance entre elles !», a invectivé un fan proche de Ferré. Constat balayé du revers de la main par les adulateurs de Fally, ceux-ci font plutôt remarqué la qualité des clips accompagnant l’album, la diversité des styles et attendent plutôt de voir la qualité de l’œuvre que prépare Ferré. Bandal jubile Terre de musique par excellence, la commune de Bandalungwa, ancien fief du clan Wenge, a totalement basculé aujourd’hui dans l’escarcelle de Fally Ipupa. Avec ses nombreux bars, nganda, terrasses et boîtes de nuit, cet arrondissement classé parmi les plus bouillantes de Kinshasa ne jure que par le nom de Fally Ipupa, vrai mwana Bandal (véritable fils de Bandal). S’étant fait entourer de ses amis d’enfance de Bandal (Alain Nzambé, Nathy Lokolé, Ursule Peshanga «Black line», etc.), Fally Ipupa a fait une dédicace à un bon nombre d’entre eux dans cet opus, jusqu’à la maman vendeuse de pains du coin de la rue ! Occasion que ses contradicteurs saisissent pour tirer sur lui en dénonçant une énumération exagérée des mabangas (dédicaces). Critique improductive pour les jeunes de Bandal qui célèbrent déjà leur nouvel héros, après ceux de la génération Wenge.