Tout en un et un dans tout" : depuis des années les grands acteurs de l’univers technologique nous vendent la « convergence ». Ils ont tout essayé : le « media center », sorte d’ordinateur hypocritement redessiné pour ne pas faire peur dans notre salon. Un échec cuisant. Après, ils ont voulu nous faire croire que les consoles de jeux pouvaient avoir le même rôle. Un demi-succès. Dernière tentative avec des ordinateurs semi-portables relookés, escamotant tout ce qui ressemble à de l’informatique, pour faire joli à côté de la télé. Trop cher. Et voilà qu’une fois de plus, le marché dicte sa loi. Tout le monde ayant un téléphone portable – il s’en vendra près de 1,5 milliard dans le monde en 2008 –, c’est donc lui l’heureux élu de la fameuse convergence. Il suffisait de se balader dans les allées du CES (Consumer Electronics Show) de Las Vegas, le plus grand salon high-tech du monde, pour comprendre que les jours de l’ordinateur étaient comptés : il était tout simplement absent ou caché. Le MWC (Mobile World Congress), grand-messe du mobile qui s’est tenue à Barcelone, a confirmé la tendance : après être devenu appareil photo, baladeur, tablette Internet et console de jeux à part entière, le mobile conteste jusqu’à l’existence même de l’ordinateur. Objet high-tech le plus vendu de la planète, il pourrait bientôt être le seul. Avec des réseaux de plus en plus performants et le coût de la mémoire en chute libre, les téléphones portables peuvent emmagasiner autant de contenus que des ordinateurs d’il y a dix-huit mois, soit 40 Go. Et surtout, ils sont connectés au haut débit en permanence. Des esprits chagrins soulèveront la question de la taille de l’écran ou du clavier. C’est normal, ils n’ont pas vu ces nouveaux mobiles connectés à des écrans de 42 pouces. On peut même les brancher sur un vidéo-projecteur de la taille d’un paquet de cigarettes et délivrer une image au format A4. Ils n’ont pas vu non plus ces claviers pliants connectables sans fil à n’importe quel téléphone. Et tout cela c’est – presque – du passé quand on écoute cet ingénieur du centre de recherche de Nokia, qui voit notre avenir en « pur vocal » d’ici à trois ans. On dictera nos e-mails ou nos SMS, qui seront automatiquement retranscrits, et on dira « envoyer ». Il est sûr qu’une partie de ces fonctions existe déjà sur certains ordinateurs. Mais qui les utilise ? « Mais ce n’est pas tout », comme dit toujours Steve Jobs avant de dévoiler sa dernière nouveauté. Le téléphone portable va remplacer pour de bon l’appareil photo. Doté d’un capteur 5 mégapixels, le premier « photophone » avec détection de visages vient de sortir chez Samsung. Un perfectionnement qui concerne pour l’instant moins d’un compact numérique sur quatre. Ce sera donc la première fois qu’une fonction majeure de la photographie amateur saute l’étape du compact pour aller directement dans le téléphone. Côté vidéo, c’est encore plus flagrant. Motorola a intégré la fonction montage : couper, ajouter une musique et créer des fondus enchaînés se font directement sur le mobile, avant de diffuser son film sur YouTube ou sur sa télé. Sûr de sa victoire sur l’ordinateur, le mobile s’offre même un vicieux coup de pied de l’âne : le GPS. Se diriger en temps réel avec la cartographie de la planète dans sa poche, c’est tout ce qui lui manquait. C’est désormais fait chez les constructeurs majeurs. Et dans ce domaine, aucun ordinateur n’avait vraiment convaincu. Trop gros pour être mobile. Bientôt il ne faudra même plus préciser. Quand on dira « portable », on ne pensera même plus à un ordinateur...