Le Conseil d’Etat a indiqué jeudi être saisi d’une question prioritaire de constitutionnalité (QPC) déposée par la société pétrolière Schuepbach Energy pour contester la loi française interdisant la technique de la fracturation hydraulique pour l’exploitation des gaz de schiste. Le lobby des industries excavatrices n’entend donc pas se laisser priver des milliards d’euros de bénéfices qui n’attendent qu’à être ramassés.Son argument clé ainsi que ceux des experts auto-proclamés résidé dans les dizaines de milliers d’emplois que l’exploitation de cette ressource créerait.
Oui, sauf que Thomas Porcher, un jeune économiste vient de démontrer dans un essai à paraître le 2 mai, sur la base des emplois créés aux Etats-Unis , qu’un puits n’a créé en moyenne qu’un peu plus d’un emploi.
Dans son entretien accordé au magazine Marianne, Thomas Porcher ne conteste nullement que les Etats-Unis aient créé environ 600 000 emplois grâce au gaz de schiste.
Cependant, il convient selon lui de tenir compte du fait, passé sous silence par les défenseurs de l’exploitation du gaz de schiste, certains médias et les experts à la solde des industriels, qu’entre 2005 et 2012, le nombre de puis aux Etats-Unis est passé de 14 000 à plus de 500 000, et que cela n’a créé donc qu’un peu plus d’un emploi par puits. Ce qui n’est guère surprenant car la production de gaz, comme toutes les industries extractives, ne nécessite que peu de main d’oeuvre.
L’université de Cleveland est arrivée dernièrement aux mêmes conclusions. Dans les comtés d’Ohio au cœur du boom du gaz de schiste, l’emploi a augmenté de 1,4% entre 2011 et 2012 alors que les autres comtés d’Ohio (sans schiste) ont gagné 1,3% sur la même période. En cause, la destruction des emplois dans le tourisme et dans l’agriculture qu’entraîne l’exploitation du gaz de schiste.(Regards)
Pour atteindre les 100 000 empois annoncés en France, il faudrait donc creuser environ 90 000 puits.
Thomas Porcher rejette par ailleurs l’idée d’un gaz moins cher car la France, sous peine d’une rapide pénurie, devrait aligner le prix du gaz de schiste avec celui du gaz importé.
Pour finir, il précise que le gaz du schiste ne profiterait qu’aux industriels et même pas à la France, qui malgré qu’elle soit propriétaire du sous-sol, ne pourrait exiger de grosses redevances en raison du code minier.
Bref vous l’aurez compris, encore un enfumage dans les règles. Le chômage a bon dos.
Le mirage du gaz de schiste, de Thomas Porcher, éditions Max Milo
Sources: Marianne n°835 – 20 min
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