C’est ravie que je vous confie, avec son assentiment, que mon fils évolue maintenant loin du nid de papa et maman. Mission accomplie! En fait, pas exactement…
Jusqu’à vraiment pas si longtemps, la mission n’était accomplie… qu’à demi! En effet, mon fils avait bel et bien quitté l’enfance et, même, l’adolescence. Mais moi? Avais-je bel et bien quitté la parentance?
Par parentance, j’inclus, d’une part, le phénomène absolument naturel de mettre au monde un petit, comme cela se produit partout dans la nature. Et j’inclus, d’autre part, le processus d’amener notre petit à maturité, ce qui est par contre tout à fait unique. Car cela peut demander de nombreuses années et mille soins attentionnés.
L’expérience m’a appris que la parentance a une date d’expiration. Quoi? Oui.
Petit, mon fils n’avait pas le choix de son toit, de ses vêtements, de ce qu’il y avait dans son assiette, de nos choix, à son père et à moi. Aujourd’hui, sa vie lui appartient au complet. Ce qui inclut ce qu’il pense, ce qu’il dit, ce qu’il fait… et ne pense pas, ne dit pas, ne fait pas.
Mon fils est un être à part entière. Totalement libre. Parfaitement autonome. Tout comme vous. Tout comme moi.
Si je libère mon fils de sa cage dorée, si je le dégage de toute responsabilité envers moi, si je lui enlève ses chaînes invisibles, si je l’affranchis de tout esclavage, de toute culpabilité, eh bien, je le fais également à mon endroit. Je m’affranchis de toute forme d’attachement. Pareillement.
Ainsi, lorsque notre enfant prend son envol, il est temps pour nous de prendre le nôtre aussi. L’amour véritable ne peut se vivre que dans la liberté totale.
Mission accompli pour moi… complètement, cette fois. Mon rôle de couveuse est fini. Mon cœur de mère vient de basculer dans l’infini.