Magazine Asie
Ouh, c'était la joie vendredi passé, le groupe Hanggai était de retour à Shanghai, la soirée ne pouvait être que festive !
Hanggai ? Ça se mange ? ça se boit ? ça se joue ? Pas du tout... Hanggai, ça s'écoute, ça se danse, ça se chante, et surtout ,un concert de Hanggai, ça se vit. Et je m'en réjouis à l'avance.
Leur "tube"
Trouvé sur Wikipedia : "Hanggai (chinois simplifié : 杭盖乐队 hánggài yuèduì, mongol cyrillique : Хангай) est un groupe de musique pop punk mongole formé à Pékin en 2004 et qui produit un métissage de musique mongole traditionnelle et de Punk rock. Le terme Hanggai est un mot mongol qui fait référence à un paysage idéalisé de pâturages, montagnes, rivières, arbres et un ciel bleu." Je souris en lisant punk rock. C'est vrai que dans un pays où les ballades sirupeuses canto-pop dominent le marché, Hanggai peut paraître punk
Un peu plus punk rock, peut-être
Heureusement que j'ai trouvé sur Arte.tv un texte qui me convient mieux : "Avec Hanggaï, c'est bouchées doubles. Grâce à leur chant diphonique, les Mongols à crête veulent conquérir le monde à la vitesse d'un cheval au galop ! En 2007, les six musiciens de Hanggai se sont donné pour mission de traduire dans un style moderne la richesse millénaire des musiques de Mongolie. Ayant grandi à Pékin, Yiliqui, le leader du groupe, a dû réapprendre la langue de ses ancêtres et le chant diphonique, tandis que ses partenaires prenaient des cours d'instruments traditionnels du pays des yourtes. Un grand écart quand on sait qu'il a encore cinq ans, ces néo-mongols taquinaient l'iroquoise au sein d'un groupe punk pékinois. En 2007, le documentaire allemand "Beijing Bubbles" raconte la scène punk et rock de Pékin. Dans une Chine où le modèle dominant est devenu l'homme d'affaires en Rolex, ces groupes partagent tous la même philosophie: "Fuck the System!" Parmi eux, "T9", emmené par Yiliqui, passe en plein tournage d'un son rock pur et dur à la découverte de ses racines. En se souvenant des mélodies de son enfance que lui chantait son grand-père, Yiliqui laisse tomber la Tsing-Tao (bière chinoise) pour l'Airak, le lait de jument fermenté. Ni une ni deux, il apprend le khöömei, le chant diphonique qui permet de produire deux sons distincts à la fois : avec sa gorge et avec sa bouche.Hanggai, c'est la nature selon les Mongols.
Cette drôle de voix
Celle des steppes qu'arpenta Genghis Khan il y a huit siècles pour construire le plus vaste empire contigu de tous les temps. Un mythe que redécouvrent avec fierté Yiliqui et ses amis, qui jusque-là ne connaissaient que le béton de Pékin. Grâce à eux, le monde entier redécouvre les joies du chant diphonique." (Julie Terrasson) Voilà donc d'où vient l'étiquette punk !
Certainement mon morceau préféré : Hai La
J'ajouterai encore quelques remarques glanées ici et là : les explorations musicales de Yiliqui l'expose à des contradictions liées à la redécouverte de sa propre culture dans un monde moderne; il a dû réapprendre la langue mongole pour chanter un monde qui disparaît rapidement, un monde qu'il n'a jamais connu. Oui, les racines de la musique de Hanggai sont à rechercher dans la musique traditionnelle mongole, mais leur musique n'est plus celle des Mongols de l'époque de Genghis Khan.
Est-ce que c'est de la musique chinoise ou mongole ? C'est compliqué, la relation entre l'ethnie majoritaire Han est ses voisins - Tibétains, Ouïghours, Mongols, ... - est compliquée . Les Chinois considèrent - dans un élan de générosité? - que tout est chinois au sens large ! Par analogie, on peut se demander si la musique celte est française ou irlandaise ou anglaise... avec une touche d'exotisme.