Austérité, vous avez dit austérité !

Publié le 22 avril 2013 par Nicolas007bis

De Louis Gallois à Jean-Luc Mélenchon en passant par le FMI, quelques ministres du gouvernement Ayrault et le G20 lui-même, de nombreuses voix s’élèvent contre l’austérité. Celle-ci est accusée de freiner la croissance et ainsi d’entretenir le cercle vicieux, moins de croissance donc moins de rentrées fiscales donc plus de déficits.

Mais derrière cet apparent consensus, se cachent des divergences de fond.

Tout d’abord sur les raisons de cette « austérité ». Les uns accablent les marchés vénaux, l’Allemagne psychorigide ou l’Europe castratrice. Les autres, dont je fais partie, ont plutôt tendance à penser que l’austérité, que je préférerais appeler « rigueur », nous est dictée par une situation résultante de décennies de négligences. Lorsque la dette atteint 90% du PIB du pays, lorsque le paiement des intérêts de la dite dette devient le premier poste budgétaire alors même que ces intérêts sont à un plus bas historique, et tout cela avec un taux d’imposition parmi les plus élevé du monde, il y a lieu de réagir.

Ensuite, sur la définition même de l’austérité.

L’austérité, telle que les Grecs, les Espagnols, les Portugais ou les Irlandais la subissent n’a rien à voir avec celle que vivent les Français !

On peut d’ailleurs se demander si François Hollande mène vraiment une politique d’austérité ?

Dans les propos on peut le penser, dans les faits ça demande à être vérifié puisque on est toujours en attente des postes budgétaires qui subiront les coupes nécessaires pour trouver les 60 milliards d’économie annoncés.

Enfin, les avis divergent surtout sur la politique de substitution à mettre en œuvre.

Lorsque Louis Gallois ou le FMI suggèrent que l’austérité soit mise de coté, ce n’est pas une remise en cause de la nécessité même du retour aux équilibres, mais uniquement une question de calendrier.

Pour d’autres, c’est le principe d’un effort demandé à la population qui est refusé.

En matière de solution, pour les uns, elle ne peut se situer qu’au niveau européen. Avec 2 axes d’actions : Relancer la demande dans les pays qui se portent bien et notamment l’Allemagne, afin de rééquilibrer les échanges en faveur des pays « du Sud », et mettre en place une politique d’investissements financés par l’Europe, en faveur de ces même pays du Sud. L’objectif final d’une telle politique étant de donner ou redonner à ces pays les capacités de produire et d’exporter.

En résumé, cela consiste à rééquilibrer les échanges au sein de l’Europe en relançant la demande dans les pays qui peuvent se le permettre car ils sont exportateurs nets, et en relançant l’offre dans les autres.

De telles mesures nécessitent un consensus européen et pour être acceptée par les pays « bien portants », nécessairement des concessions de la part des autres. Elles supposent probablement une perte de souveraineté et une avancée importante dans l’intégration européenne.

A contrario, pour une partie de la Gauche et certains membres du Gouvernement, la relance peut être nationale et elle consiste surtout à distribuer du pouvoir d’achat à travers les dépenses sociales et plus généralement les dépenses publiques. Ceux-là n’ont certainement pas en tête que seule une Europe plus intégrée pourrait nous sortir du dilemme austérité-déficits. Ils n’ont pas non plus en tête que la priorité est d’aider les entreprises.

Or, compte tenu des problèmes structurels centraux de l'économie française, qui sont, d’une part la dégradation de la situation de l'industrie et donc des services qui lui sont liés, et d'autre part le niveau très élevé de la pression fiscale, une relance de la demande n’aurait aucun effet positif. Cela ne ferait que creuser encore un peu plus nos déficits et cela profiterait en priorité aux entreprises étrangères avec, en conséquence, une envolée du déficit du commerce extérieur.

Si la France devait se libérer unilatéralement de ses promesses de retour à l’équilibre budgétaire, se devrait-être évidemment provisoire et uniquement pour mener une politique de l’offre de grande ampleur afin de permettre à ses entreprises de se développer. Pour autant, cela ne peut l’exonérer d’engager un processus de diminution des dépenses publiques afin de réduire la pression fiscale qui pèse notamment sur ces mêmes entreprises.

François Hollande avec son pacte de compétitivité, semble avoir compris cela. Malheureusement il donne l’impression d’être resté planté au milieu du gué. Ses mesures sont insuffisantes et donc critiquées de toute part. Il se retrouve attaqué à la fois par sa gauche qui l’accuse de faire le jeu du MEDEF, par sa droite qui l’accuse de laxisme et de faiblesse et par la population qui sent bien qu’un tel plan n’est pas à la hauteur des enjeux.