De
Louis Gallois à
Jean-Luc Mélenchon en passant par le FMI, quelques ministres du
gouvernement Ayrault et le
G20 lui-même, de nombreuses voix s’élèvent contre l’austérité. Celle-ci est
accusée de freiner la croissance et ainsi d’entretenir le cercle vicieux, moins
de croissance donc moins de rentrées fiscales donc plus de déficits.
Mais derrière cet apparent consensus, se cachent des divergences de
fond.
Tout d’abord sur les raisons de cette « austérité ». Les uns accablent
les marchés vénaux, l’Allemagne psychorigide ou l’Europe castratrice. Les
autres, dont je fais partie, ont plutôt tendance à penser que l’austérité, que
je préférerais appeler « rigueur », nous est dictée par une situation
résultante de décennies de négligences. Lorsque la dette atteint 90% du PIB du
pays, lorsque le paiement des intérêts de la dite dette devient le premier
poste budgétaire alors même que ces intérêts sont à un plus bas historique, et
tout cela avec un taux d’imposition parmi les plus élevé du monde, il y a lieu
de réagir.
Ensuite, sur la définition même de l’austérité.
L’austérité, telle que les Grecs, les Espagnols, les Portugais ou les
Irlandais la subissent n’a rien à voir avec celle que vivent les Français
!
On peut d’ailleurs se demander si François Hollande mène vraiment une
politique d’austérité ?
Dans les propos on peut le penser, dans les faits ça demande à être vérifié
puisque on est toujours en attente des postes budgétaires qui subiront les
coupes nécessaires pour trouver les 60 milliards d’économie annoncés.
Enfin, les avis divergent surtout sur la politique de substitution à mettre
en œuvre.
Lorsque Louis Gallois ou le FMI suggèrent que l’austérité soit mise de coté,
ce n’est pas une remise en cause de la nécessité même du retour aux équilibres,
mais uniquement une question de calendrier.
Pour d’autres, c’est le principe d’un effort demandé à la population qui est
refusé.
En matière de solution, pour les uns, elle ne peut se situer qu’au niveau
européen. Avec 2 axes d’actions : Relancer la demande dans les pays qui se
portent bien et notamment l’Allemagne, afin de rééquilibrer les échanges en
faveur des pays « du Sud », et mettre en place une politique
d’investissements financés par l’Europe, en faveur de ces même pays du Sud.
L’objectif final d’une telle politique étant de donner ou redonner à ces pays
les capacités de produire et d’exporter.
En résumé, cela consiste à rééquilibrer les échanges au sein de l’Europe en
relançant la demande dans les pays qui peuvent se le permettre car ils sont
exportateurs nets, et en relançant l’offre dans les autres.
De telles mesures nécessitent un consensus européen et pour être acceptée
par les pays « bien portants », nécessairement des concessions de la part
des autres. Elles supposent probablement une perte de souveraineté et une
avancée importante dans l’intégration européenne.
A contrario, pour une partie de la Gauche et
certains membres du Gouvernement, la relance peut être nationale et elle
consiste surtout à distribuer du pouvoir d’achat à travers les dépenses
sociales et plus généralement les dépenses publiques. Ceux-là n’ont
certainement pas en tête que seule une Europe plus intégrée pourrait nous
sortir du dilemme austérité-déficits. Ils n’ont pas non plus en tête que la
priorité est d’aider les entreprises.
Or, compte tenu des problèmes structurels centraux de l'économie française,
qui sont, d’une part la dégradation de la situation de l'industrie et donc des
services qui lui sont liés, et d'autre part le niveau très élevé de la pression
fiscale, une relance de la demande n’aurait aucun effet positif. Cela ne ferait
que creuser encore un peu plus nos déficits et cela profiterait en priorité aux
entreprises étrangères avec, en conséquence, une envolée du déficit du commerce
extérieur.
Si la France devait se libérer unilatéralement de ses promesses de retour à
l’équilibre budgétaire, se devrait-être évidemment provisoire et uniquement
pour mener une politique de l’offre de grande ampleur afin de permettre à ses
entreprises de se développer. Pour autant, cela ne peut l’exonérer d’engager un
processus de diminution des dépenses publiques afin de réduire la pression
fiscale qui pèse notamment sur ces mêmes entreprises.
François Hollande avec son pacte de compétitivité, semble avoir compris
cela. Malheureusement il donne l’impression d’être resté planté au milieu du
gué. Ses mesures sont insuffisantes et donc critiquées de toute part. Il se
retrouve attaqué à la fois par sa gauche qui l’accuse de faire le jeu du MEDEF,
par sa droite qui l’accuse de laxisme et de faiblesse et par la population qui
sent bien qu’un tel plan n’est pas à la hauteur des enjeux.