Avec Ciolek à San Remo, Kreuziger à Valkenburg, Moreno à Huy et Martin à Liège, les Classiques ardennaises ont fait la part belle aux outsiders. Peut-on dès lors parler de printemps du renouveau ?
Certes Cancellara (32 ans) a encore confirmé la présence des anciens au plus haut niveau dans les Flandriennes (GP E3, Tour des Flandres, Paris-Roubaix), mais avec Sagan (23 ans), auteur d’un début de saison tonitruant et vainqueur de Gand-Wevelgem, c’est l’avenir qui s’annonce, même si le prodige slovaque, dernier à résister à Spartacus dans le Vieux Quaremont, s’est ensuite effacé à l’Amstel, à la Flèche et à Liège-Bastogne-Liège.
Il semble bien qu’une nouvelle génération se mette en place désormais et personne ne s’en plaindra, d’autant plus que les Français y sont bien représentés par les Gaudin, Bardet, Bouet, Offredo, Turgot, Gallopin, Roy, Bouhanni, Démare, Petit, Coquart, Pinot, Vichot, Rolland et compagnie. Une génération de jeunes sans complexes désormais, sprinters en devenir ou baroudeurs qui acceptent, dans le sillage des Chavannel, Voeckler, Fedrigo, de s’engager dans des mouvements offensifs qui finiront bien pas payer un jour ou l’autre.
Il faut s’en féliciter car avec cette page qui se tourne, on peut espérer que le spectre du dopage disparaisse progressivement. Le dopage lourd, s’entend, car il ne s’agit pas d’être naïf au point de penser que tout est rose désormais. Si la victoire de Ciolek est une sensation, on connaissait déjà sa pointe de vitesse ; si Kreuziger a signé un superbe exploit en solitaire, il a déjà à son palmarès Tour de Suisse et Tour de Romandie ! Si Martin s’est affirmé de belle manière, c’est dans la logique d’une progression régulière. Mais que penser de la réussite tardive de l’Espagnol Daniel Moreno (31 ans), vainqueur en boulet de canon sur les hauteurs du Mur de Huy ?
Trop fort, Moreno ? Depuis qu’il a rejoint l’équipe Katusha en 2011, le Madrilène rattrape le temps perdu. A le voir déborder Sagan et Philippe Gilbert au plus fort de la pente, puis avaler littéralement le malheureux Betancur à 100 mètres de la ligne, on peut se poser la question. Une de plus parmi d’autres qui ont mis à mal la réputation du cyclisme espagnol ces dernières saisons.
Et les Belges ? Boonen sur le flanc, c’est tout le cyclisme belge qui est marron ! Certes Van Avermaet (3ème de Gand-Wevelgem), Roelandts (3ème du Tour des Flandres), le jeune Vanmarcke (2ème de Paris-Roubaix) et surtout Philippe Gilbert ont assuré une certaine présence. Mais le champion du monde est passé à côté du succès tant à la Flèche brabançonne (battu au sprint pas Sagan) qu’ l’Amstel (4ème), à la Flèche wallonne (15ème) et à Liège (7ème). Presqu’un siècle qu’on n’avait pas vu çà !
Et maintenant, place au Tour de Romandie (Froome, Porte, Hesjedal, Talansky, Kreuziger, Moreno, Spilak, Rolland, Rui Costa, Weestra, Gesink, Van den Broeck, Basso, Anton, Vichot, Betancur, Bouet, Peraud, Gadret) et au Giro (Nibali, Wiggins, Hesjedal, Scarponi, entre autres). Un autre cyclisme mais les mêmes émotions quand l’exploit résulte d’un affrontement sincère et respectueux des règles.
Bertrand Duboux