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Moi Valérie, je

Publié le 22 avril 2013 par Juval @valerieCG

suis une personne blanche, hétérosexuelle et cisgenre.

En tant que blanche, mon CV n’a jamais été écarté d’une pile car mon nom n’était pas « français d’apparence ».
Je n’ai jamais été refusée à un emploi ou pour un logement à cause de ma couleur de peau.
La police ne m’a jamais contrôlée plus que de raison. J’ai utilisé mon privilège de blanche pour leur demander, pourquoi, dans mon ancien quartier, elle se permettait d’autant contrôler les personnes racisées.
Personne n’a jamais supposé que j’avais une « religion d’apparence » et n’a jugé la totalité de mes actes au regard de cette religion.
Si je commets des actes délictueux ou criminels, personne  n’ira soupçonner que je les ai commis au nom de ma couleur de peau, ma culture ou ma religion.
On ne m’a jamais refusé quoi que ce soit au prétexte de ma couleur de peau.
Je suis habituée à être le « par défaut » dans à peu près tout, des produits de consommation au féminisme.
Je suis entrée dans l’histoire.
Les livres scolaires regorgent de personnages de ma couleur.

Je suis hétérosexuelle.

Je peux librement tenir la main de mon partenaire dans la rue.
On ne peut suspecte pas d’être une pédophile en puissance.
Je n’ai pas à mentir à qui que ce soit sur le choix de mon partenaire.
La révélation de ma sexualité aux autres ne m’a pas posé de problèmes.
On ne m’a pas écarté d’un job ou de la location d’un appartement à cause de ma sexualité.
On n’imagine pas aussitôt des images sexuelles quand on pense à ma sexualité.
Personne n’a jamais utilisé des mots dégradants et insultants pour me définir ou définir ma sexualité.
Je n’ai jamais été insultée, interpellée, frappée, battue, tuée parce que je suis hétérosexuelle.
On ne m’a jamais refusé quoi que ce soit à cause de mon orientation sexuelle.
Je suis moins sujette à la précarité.
Je suis habituée à être le « par défaut » dans à peu près tout, des produits de consommation au féminisme.
Ma sexualité n’est pas une sous-sexualité.
Mon modèle de sexualité est présent partout dans tous les produits culturels.

Je suis cisgenre.
Je n’ai pas eu à subir un parcours du combattant pour modifier une carte d’identité.
Je ne suis pas discriminée à l’embauche, au logement en tant que cisgenre.
Je n’ai jamais été insultée, interpellée, frappée, battue, tuée parce que je suis cisgenre.
Je suis moins sujette à la précarité en tant que cisgenre.
Je suis habituée à être le « par défaut » dans à peu près tout, des produits de consommation au féminisme.
Je suis visible.
J’existe dans les media, les produits culturels.

Ce texte témoigne de mes privilèges. Est ce que cela fait de moi une  personne raciste, homophobe ou transphobe ? Non. est ce que j’ai bénéficié de ces privilèges ? Sans aucun doute.  Est ce ma faute ? Cette  question n’a pas de sens et est indécente. Je ne vais pas en plus me lamenter que j’ai des privilèges et que c’est bien malheureux.

Ce texte est encore une fois un texte de privilégiée car une  personne racisée, une personne homosexuelle, une personne trans* qui écrirait un tel texte se verrait reprocher d’exagérer, et verrait tous simplement ses souffrances niées. Si quelqu’un – il y en aura – s’avise de venir m’expliquer que j’exagère, je ne serais pas directement concernée par ses propos et nous nous retrouvons entre membres de classes dominantes à parler et lieu et place des concerné-e-s.
Néanmoins je pense que ce texte était nécessaire face aux vagues successives de personnes passant leur temps à nier qu’ils en ont.


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