Pour des raisons en grande partie historiques, l’Irlande reste l’un des pays les moins boisés en Europe. Lorsque les premiers hommes s’établissent en Irlande il y a plus de 9,000 ans durant la période Mésolithique, l’ile est couverte d’une végétation dense de forêts mixtes (feuillus et conifères), principalement des hêtres, des chênes et des pins. Suite à l’établissement des populations et au développement des pratiques agricoles, aux invasions successives et à l’exploitation du bois au cours des siècles, le couvert forestier ne représente plus que 12% de la surface totale en 1600. Suite à l’Acte d’union avec la Grande Bretagne en 1800, l’exploitation de la forêt Irlandaise s’intensifie (construction navale, bois de chauffage, production de charbon de bois) et la forêt naturelle Irlandaise ne couvre plus que 1% du territoire national au début du 20e siècle. Mais les efforts entrepris depuis une trentaine d’années à la fois au niveau public (ministère de l’agriculture, entreprises publiques en contrat avec l’état) et privé (associations à but non lucratif, organisations communautaires, organismes de conseil et de formation professionnelle) commencent à porter leur fruits. La prochaine action de grande envergure se déroulera les 26 et 27 Avril 2013 prochain avec la plantation d’un million d’arbres.
Rossaveal, Co. Galway, Irlande. Paysage typique de l'ouest Irlandais...sans arbres.
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La forêt comme investissement à long terme
Toute une panoplie de primes et de subventions attractives ont été mises en place par le ministère de l’agriculture pour encourager le reboisement privé. Suite à la crise financière et l’effondrement spectaculaire du marché de l’immobilier post-« Tigre Celtique », un nombre croissant de particuliers se tournent vers l’investissement forestier. Accessibles aux agriculteurs comme aux particuliers, ces placements sont défiscalisés et subventionnés sur une période de 15 à 20 ans. Priorité est donnée à la plantation de feuillus et d’espèces indigènes. Une jeune plantation peut être exploitée au bout de 10 à 15 ans (résidus de coupe, pulpe, bois de chauffage etc.). Après tout, le climat océanique tempéré dont bénéficie l’Irlande est idéal pour la sylviculture.
Multiplication des établissements de gestion et de mise en valeur des forêts
En sus du ministère de l’agriculture ou d’organismes publics subventionnés par l’état comme Coillte ou Teagasc (gestion foncière, agriculture forestière, recherche et développement, énergies renouvelables, développement durable, conseil et formation professionnelle), on compte plus d’une dizaine d’organismes à but non lucratif dont les activités se concentrent autour du renouvellement du couvert forestier Irlandais. Des groupes d’action comme The Irish Natural Forestry Foundation (2002), The Tree Council of Ireland (1985), Crann (1986), Greenbelt (1982), Forest Friends Ireland (2000) ou The Woodland League (1984) font tous la promotion de la biodiversité par l’intermédiaire de publications ou de missions éducatives auprès des écoles, mettent en place des opérations de parrainage ou organisent des programmes de reboisement au niveau local en partenariat avec Tidy Towns, l’équivalent du concours des villes et villages fleuris. La prochaine action de grande envergure va voir la plantation d’un million d’arbres fin Avril 2013.One million Trees in One Day : une journée d’action nationale
Sur le même modèle que des opérations similaires dans le monde entier soutenues par le Programme des Nations Unies pour l’Environnement ou que les souscriptions en ligne comme récemment au Chili, la journée d’action One Million Trees in One Day se veut une réponse proactive au pessimisme économique et à la morosité ambiante. Organisée en partenariat avec six compagnies privées, ONG et pépiniéristes, les collectivités et les entreprises locales, les écoles et collèges, les agriculteurs et propriétaires terriens, la journée va mobiliser quelque 10,000 volontaires. Ce projet transfrontalier de grande envergure bénéficie d’une opération de financement collaboratif unique (les dons sont toujours acceptés) et prévoit la plantation d’une quarantaine d’essences indigènes sur une surface d’environ 400 hectares répartis entre plus de 2,000 terrains privés ou publics. Le collectif va également assurer la gestion durable des nouvelles plantations au cours des 20 prochaines années.Même si le couvert forestier Irlandais reste l’un des plus bas en Europe (10% de la surface nationale totale, comparé à 30% en France… et un contexte historique totalement différent), la surface plantée totale a pratiquement doublé en 30 ans, passant de 400,000 hectares au début des années 1980 à presque 800,000 hectares aujourd’hui (dont pratiquement la moitié en propriété privée). Ce sont les actions concertées des divers organismes de soutien, la défiscalisation des placements fonciers en terres agricoles, bois et forêts et des opérations de grande envergure comme One Million Trees in One Day qui accélèrent progressivement le reboisement de l’Irlande.
Voir aussi : développement durable, forets