Délices culinaires au Mont-Saint-Michel

Par Pierre Gallego

Toute escapade en  Bretagne ou en Normandie culmine nécessairement par la visite du Mont-Saint-Michel, îlot médiéval entouré par la Manche. Rien n’est plus emblématique que cette cité et son monastère bâtis sur le mont rocheux au creux de la baie éponyme. Après une longue marche sur la digue pour atteindre le mont, on entre finalement par une porte majestueuse au sein de la cité fortifiée. Puis, très rapidement, en flânant le long des rues pittoresques qui montent en direction du monastère, il est possible d’entendre le cliquètement ininterrompu des fouets. Ces fouets battant les œufs dans de grands récipients de cuivre préparent la fameuse omelette de La Mère Poulard.

En effet, si les biscuits de la Mère Poulard peuvent se déguster partout, il faut venir au Mont-Saint-Michel pour déguster l’omelette du même nom. La battue séparée des blancs et jaunes d’œuf lors de la préparation est ce qui rend l’omelette différente de toutes les autres. Cette technique a été inventée par Annette Poulard, plus tard surnommée la Mère Poulard, qui a ouvert son auberge au Mont-Saint-Michel en 1888. A ce moment-là, il s’agissait de pouvoir rassasier les pèlerins  qui arrivaient affamés après un long voyage.  L’omelette était donc un plat rapide à cuisiner sur le feu ouvert. Maintenant les touristes ont remplacé les pèlerins mais la recette, elle, n’a pas changé. Toutefois, l’accompagnement s’est fait de plus en plus raffiné et varié, de simples, mais bonnes, pommes de terre au homard.

Depuis le XIXème siècle, la réputation du restaurant n’a cessé de grandir. Il reste tout de même bien attaché aux traditions culinaires du Mont-Saint-Michel et de l’agriculture de sa baie. On peut également y goûter des agneaux des prés salés environnants ou des desserts à base de pommes ; quoi de plus normand !

Le Mont-Saint-Michel a toujours abrité à la fois une ville et une abbaye. L’abbaye se trouve au sommet du mont, où les moines habitaient jusqu’à la révolution française, et qui forme presque une unité à elle seule. La ville quant à elle s’est développée en contrebas de l’abbaye et a toujours abrité de nombreuses auberges et lieux de commerce, ce qui était courant autour des monastères et lieux de pèlerinage importants. L’hospitalité a toutefois été inexistante lorsque le Mont-Saint-Michel a été transformé en prison suivant la révolution française. Lorsque la prison a été fermée et est devenue un lieu de tourisme, les échoppes et auberges ont remplacé les cachots.

Il y en aura donc pour tous les goûts pour une journée  en famille ou entre amis, de l’histoire, de l’architecture, de la nature et aussi de la gastronomie dont il serait bien dommage de se passer. Si les aventuriers gourmands désirent prolonger leur séjour dans ce site classé au patrimoine mondial de l’UNESCO, il est possible de loger chez La Mère Poulard