Moi ado, n'écrivant pas des chroniques-fictions
C'était lors d'une intervention en classe de 5e à Bordeaux. Je demande toujours aux élèves s'ils écrivent et ce qu'ils écrivent. L'une d'entre elle me dit: "Des fictions". Je ne tique pas, pensant qu'elle veut dire des romans. Mais un peu plus tard elle me demande:
- Mais vous, madame, vous écrivez des fictions?
Moi:
- Euh... ben, oui, tout ce que j'écris, c'est de la fiction.
- Non, mais pas de la fiction. Des fictions. Des chroniques. Des fictions, quoi.
Un peu perplexe, je demande à la jeune fille de m'expliquer de quoi il s'agit, et avec l'aide de ses amies elles m'expliquent ce qui suit.
La chronique-fiction, ou chronique ou fiction (je ne suis pas sûre d'avoir compris exactement comment on appelle ça), c'est une forme de narration qui a lieu sur des pages Facebook réservées à cet effet - par exemple ici ou là. Sur ces pages, qui sont apparemment très liées à des groupes de musique ou des célébrités (les jeunes filles de ma 5e étaient toutes des adeptes des One Direction), les ados écrivent des statuts qui sont en réalité des mini-chapitres d'histoires concernant ces célébrités en question.
Donc par exemple, on peut avoir, comme me l'explique la jeune fille de l'autre jour, une histoire où "il y a des filles qui inventent qu'elles ont rencontré les One Direction, qu'elles sont allées dans leur loge, tout ça". Une écriture, en fait, entre le roman et le rêve éveillé.
Je leur ai demandé quel était le but, et elles étaient catégoriques: c'est d'avoir beaucoup de 'J'aime', de commentaires et de partages.
Je leur ai aussi demandé si certains faisaient ça par blog, mais non, personne dans la classe n'avait un blog - tout se faisait par Facebook (alors que techniquement ils n'avaient pas le 'droit' d'être sur Facebook, comme leur professeur s'est empressée de leur faire remarquer).
Bref, j'ai trouvé ça très intéressant et je me demandais si certains papas/mamans d'ados ici avaient entendu parler de cette nouvelle forme d'écriture? Il existe très peu de ressources sur Internet expliquant ce nouveau phénomène, mais je suis sûre que certains de mes potes universitaires vont vite s'en charger.
Billet rapide, ça ne me ressemble pas. Mais j'ai du pain sur la planche. A pluche!
Clem