Un fou du XIXe siècle en quête d'atypique

Publié le 17 avril 2008 par Chantal Doumont

Un fou du XIXe siècle en quête d'atypique

Ex de la pub et de Christie's où il a fait ses armes, Edwart Vignot est un électron libre qui aime l'insolite dans les grandes signatures.

Originaire de Nancy, Edwart Vignot est né dans le dessin. À 10 ans, il achète, pour 10 francs, une petite tête de pêcheur d'Horace Vernet. Le déclic pour une grande passion qui commence par la gravure, plus abordable, avant que Vignot ne se lance à la recherche de feuilles atypiques, de copies d'après les maîtres, d'anonymes à identifier. Cet ancien concepteur-rédacteur d'agence de publicité, qui a tourné dans Si c'était lui avec Carole Bouquet et Marc Lavoine, s'est formé l'œil chez Christie's où il fut directeur du département dessin à Paris, de 1998 à 2001. 

Membre du comité Delacroix et généreux donateur (quatre Gustave Moreau à l'École des beaux-arts), ce jeune collectionneur de moins de 40 ans une rareté dans le monde du dessin ancien! «préfère les belles incertitudes aux ennuyeuses évidences». 

Le lion et la proie 

Dans ce Salon où il vient depuis sa création, il a repéré, avec son œil noir de lynx, l'insolite surtout dans les petits formats: une tête de Greuze, étude pour Le Fils puni de 1778 au Louvre, qui «annonce par son trait libre le XIXe siècle» (24000 €, La Scala); une étude de draperie vers 1500 «proche du style de Delacroix et plus vénitienne que romaine » (13000 €, Arnoldi-Livie); une figure fantastique au lavis d'encre sur une carte de vœux d'Adolph Menzel (28000 €) «totalement folle pour cet artiste classique et parfois ennuyeux » (28 000 €, Coatalem); un délicieux portrait d'Émile Signol par Gros « fort et intimiste » (25000 €, Talabardon & Gautier); ou encore un Lion dévorant une proie croqué au crayon par Théodore Géricault, «l'essence même de la puissance animale dans un petit carré de 11 par 10,8 cm». 

Ce chineur n'achète pas dans les grands noms, les feuilles que tout le monde connaît. Il est attiré par un monochrome de Dubuffet «aussi stupéfiant qu'un galuchat» (100000 €, Achim Moeller) ou un paysage au pastel de Degas qui est « de la plus pure abstraction, digne des fonds de Bacon » (350000 €, Stephen Ongpin Fine Art). 

Sous sa barbe naissante, son sourire s'illumine quand il a l'impression d'« acheter un moment de la vie de quelqu'un » en regardant la Femme nue dans la mer à mi-corps de Rodin, une aquarelle délicate achetée à bon prix dans une vente de province par Jean-Luc Baroni et proposée à 500000 €.

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