Titre :Un père en colère
Auteur : Jean-Sébastien Hongre
Editeur : Max Milo
Stéphane, 48 ans, se rend à Saugny, une banlieue difficile où vivent sa femme et ses deux enfants. Nathalie l'a appelé au secours. Fred et Léa, les deux enfants envahissent la maison avec leurs copains dealers.
" on ne devrait jamais héberger en soi ces pensées terribles sur ses propres enfants, se dit-il. Mais comment accepter ce que Fred et Léa font subir à leur mère ? Comment accepter qu'ils l'aient manipulée au point qu'un mur de photos soit devenu le seul miroir où elle puisse se regarder."
Lorsque Nathalie se retrouve dans le coma alors que sa voiture a percuté un mur de plein fouet, Stéphane explose. Son cri de colère, il le lance sur un blog. Il dénonce la responsabilité de ses enfants, drogués et dealers.Ces premiers échanges lui font du bien mais très vite, il s'épanche un peu trop. Lorsque les médias s'accaparent de son histoire, toute la famille se retrouve en danger.
L'auteur met ainsi en exergue la lâcheté de la société face à la ghettoïsation, les dangers de la médiatisation, les abus des patrons et l'abandon d'une éducation basée sur la fixation de limites.
Certes, la vision de cette société dénaturée est un tantinet partiale et classique. Une génération d'après-guerre qui s'est laissée vivre et en a oublié la rigueur nécessaire à l'éducation des enfants. Des écoles envahies par de jeunes étrangers qui sèment la peur parmi les sages collégiens et lycéens, des professeurs qui préfèrent ne rien voir par peur des représailles et des proviseurs qui craignent la mauvaise réputation. La tentation de l'argent facile pour ces jeunes désabusés par la mauvaise situation économique.
Les enfants de Stéphane ont préféré basculer du côté de la bande des "Gremlins", seul moyen d'éviter les moqueries et coups.
" Je pense qu'entre être une victime et un bourreau, Fred a fait le choix de manière ultime, radicale, et sans limites. Sans doute qu'il s'est dit que c'était la meilleure façon d'aider sa soeur."
Nathalie, professeur à Saugny, voulait aider ces jeunes en difficulté et rester sur place pour ne pas être lâche comme les autres. Mais elle ne verra pas la détresse de ses propres enfants.
Pour ne pas tirer de généralités, l'auteur évoque le contre exemple de Kamel, un enfant de la cité qui est en classe préparatoire et qui intégrera Centrale Lyon.
Cette démonstration est très bien construite avec la découverte progressive de ce qui a amené deux adolescents à se détruire et à briser une famille. Le style est très simple, donnant plutôt au récit un aspect de reportage. Même si les constats sont un peu faciles, les dénoncer dans une situation personnelle et concrète leur donne davantage de poids et d'émotion.
Je remercie les Editions Max Milo pour la lecture de ce roman.
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