Dotée de 150 millions d’euros et baptisée « Commission Innovation 2030 », cette structure est dirigée par Anne Lauvergeon qui a quitté Areva sur un bilan calamiteux.
C’est donc Anne Lauvergeon, 54 ans, qui a été désignée comme la jeune pousse la mieux qualifiée pour s’occuper d’innovation.
Coiffée par un autre ténor bien connu pour ses visées futuristes, Arnaud Montebourg, ministre du Redressement productif, le nouveau machin, mis en place le 19 avril (1) par François Hollande, comptera une vingtaine de membres dont Louis Gallois, Claudie Haigneré, Michel Serres, Didier Lombard…
C’est à cet aréopage qu’est confié le soin de repérer et de soutenir les entrepreneurs d’avenir. A la mi-juillet, la commission rendra un rapport recensant certains « défis » industriels à relever.
Pour chacun de ces « défis », un concours sera lancé afin de sélectionner l’entreprise la plus innovante, sans exclusive pour les entreprises tricolores.
Selon Jean-Marc Ayrault, chef du gouvernement il s’agit de « mettre en place un programme expérimental d’innovation » transformant « notre rapport à la technique ».
Au-delà de ce trait de lyrisme nantais, une certitude comptable : la commission dévorera de l’argent public : elle est dotée de 150 millions d’euros, prélevée sur les investissements d’avenir.
D’autres béquilles financières sont prévues pour soutenir les poulains de l’équipe dont celles de la Banque publique d’investissement (BPI). S’y ajoutera l’argent des régions. Les contribuables locaux apprécieront.
Le bilan désastreux d’ « Atomic girl »
Pourquoi parachuter Anne Lauvergeon, à qui son statut d’ancien sherpa de François Mitterrand semble conférer une forme d’insubmersibilité, à la tête de cette commission ?
Pour des raisons politiques, bien entendu car sur un plan économique, le bilan « d’atomic girl », ainsi que la surnomment certains de ses anciens anciens collaborateurs, est mauvais. Très mauvais.
L’ancienne patronne d’Areva à transformé la filière nucléaire française en champ de décombres : naufrage financier des chantiers EPR en Finlande et à Flamanville, échec d’Areva à Abu Dhabi, achat de réserves africaines d’uranium à un si prix pharaonique qu’il a occasionné une provision de 1,5 milliard d’euros dans les comptes d’Areva.
L’herbe mettra du temps à repousser derrière Anne Lauvergeon.
La principale réussite de l’ancienne associé gérante de Lazard Frères concerne ses finances personnelles. Selon Challenges, elle aurait perçu 1,98 million d’euros après son départ d’Areva, dont 167.500 euros de rémunération variable.
Le groupe public a aussi pris sa charge ses frais de secrétariat, et de sécurité jusqu’à l’été 2012. Montant de ces agapes : 314.000 euros.
Pressentie pour prendre la tête de différents paquebots industriels comme Orange et finalement écartée, elle siège aux conseils d’administration d’American Express et d’EADS, ce qui lui apporte de confortables jetons de présence.
En France, 700 commissions presque toutes inutiles
« Pour enterrer un problème, nommez une commission », disait déjà Clemenceau. La cellule Lauvergeon va s’ajouter aux 700 autres machins que l’on recense en France et qui, pour la plupart, ne produisent rien d’autre que des notes de frais épongées avec de l’argent public.
Le nombre de ces commissions va encore s’élargir avec le décret qui vient de légitimer la création du Commissariat général à la stratégie et à la prospective. Il se substitue au Centre d’analyse stratégique, lui même issue du Commissariat général au Plan, supprimé en 2005 parce qu’il ne servait plus à rien…
La part d’innovation à la française ne doit pas être sous-estimée : elle a déjà engendré le mouvement administratif perpétuel !
DL
1 : http://proxy-pubminefi.diffusion.finances.gouv.fr/pub/document/18/14802.pdf
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