Le gai savoir

Les Entretiens de Toulouse champions de l’interactivité
Le risque d’ętre un jour Ťdépasséť est considérable : le secteur aéronautique n’a jamais cessé de brűler les étapes, d’enregistrer des progrčs fulgurants, toutes spécialités confondues. D’oů le besoin criant de trouver les méthodes qui permettent aux hommes de l’art de préserver une parfaite connaissance constamment mise ŕ jour du secteur, de rester eux-męmes ŕ la source d’avancées nouvelles. Un constat qui relčve du bon sens, certes, mais qu’il est pour le moins malaisé de concrétiser.
Sans doute s’agit-il lŕ de la meilleure maničre de justifier les Entretiens de Toulouse organisés chaque année par l‘Académie de l’air et de l’espace et le Collčge de Polytechnique. La sixičme édition se déroule cette semaine ŕ Toulouse, dans l’enceinte de Sup’Aéro, une assemblée forte de quelque 300 participants demandeurs de formation permanente, dans l’acception la plus noble du terme : dix domaines, des matériaux et de l’avionique aux outils de compétitivité de la recherche et développement en passant par l’énergie embarquée, la modélisation et l’ingénierie systčme, etc. Ainsi que des thčmes moins directement techniques, par exemple la compétitivité du transport aérien en Europe ou encore la prise en compte des facteurs humains dans les enquętes du BEA.
ŤCe sont de grandes retrouvailles autour de thématiques techniquesť, résume Jean-Claude Hironde, principal organisateur et responsable des Entretiens, ancien directeur général technique adjoint de Dassault Aviation. Cela au profit d’un public d’ingénieurs, attentifs au fond des sujets traités, en privilégiant les débats, autours d’animateurs soigneusement choisis, renchérit Michel Rochet, vice-président du Collčge de Polytechnique.
En clair, il s’agit de formation continue. Jean-Claude Hironde n’hésite pas ŕ chercher loin ses fondamentaux. Jusqu’ŕ l’apparition du livre, explique-t-il, le débat était la premičre maničre de transmettre le savoir. Vu sous cet angle, il s’agit en quelque sorte d’un retour aux sources qui suppose une solide maničre de procéder pour réunir les grandes compétences que suppose l’exercice. Qui plus est, repérer et choisir les bons thčmes conditionne la qualité du résultat, un comité de programme étant chargé de cette lourde responsabilité, dans les dix domaines qui, chacun, repose sur deux responsables. Le tout avec une implication directe des industriels, c’est-ŕ-dire ce qu’on pourrait appeler la vraie vie, par rapport ŕ une approche qui, sans cela, risquerait d’ętre exagérément théorique. Les Ťélčvesť, eux, sont plutôt en début de carričre ou viennent écouter des collčgues susceptibles d’élargir leurs horizons.
Il a fallu faire preuve d’un grand discernement pour établir les rčgles du jeu. A commencer par le respect d’une confidentialité bien réelle, seule maničre d’éviter la langue de bois. D’oů l’absence de compte rendu, tout au plus des exposés introductifs distribués aux participants avant le début des Entretiens. L‘idée a germé, il y a quelques années, au sein de l’Académie de l’air et de l’espace, inspirée par les Entretiens de Bichat, réputés en matičre d’acquisition de compétences nouvelles dans le domaine de la médecine. Le parallčle ne saute pas aux yeux et, pourtant, il repose sur une saine logique : exercer dans un secteur pointu en constante évolution exige de pouvoir bénéficier réguličrement de mises ŕ jour.
Grâce aux Entretiens apparaît au grand jour un aspect rarement évoqué du secteur aéronautique, la difficulté de bien gérer une évolution rapide, la multiplication des remises en question et, finalement, une facette importante de la compétitivité. Dans cette optique, les titres de certains exposés disent tout et se passent de commentaires, notamment le regard posé sur le magnésium, matériau d’avenir, la propulsion par détonation continue rotative, l’insertion des drones dans la gestion de l’espace aérien, la réduction des émissions des propulseurs. Ce n’est pas une fuite en avant mais une illustration spectaculaire des exigences extręmes d’un secteur pas tout ŕ fait comme les autres.
Pierre Sparaco-AeroMorning
Pour plus de détails, entretienstoulouse.com