Magazine Poésie
Passé le genou où la main se creuse
comme une semence qui germe
en soulevant un peu la terre,
je vais vers ton ventre comme vers une ruche endormie.
Plus haut ta peau est si claire
que les jambes en sont nues pour tout le corps
et mon regard s'y s'use
comme au plus tranchant d'un éclat de soleil.
Au-delà il y a ta lingerie qui sert à t'offrir
et à colorer mon désir.
Tes cuisses, lisibles de toute leur soie, se desserrent
et je vois la ligne de partage de ta chair.
Géants de la sensation,
mes doigts vont se fermer
sur le seul point du monde
où se carbonisent des hauteurs entières de jour.
Et c'est enfin la pleine rivière
que je remonte sans effort,
parce que tes seins s'y élèvent
comme deux cailloux à fleur d'eau...
Il me suffit de quelques gestes pour retrouver,
enfouie sous ta peau, la plante nue que tu es
et, vacillant de tout le soleil conquis par les ruisseaux,
tu entres dans la nuit avec le jour devant toi.
Je n'ai qu'à toucher la pointe de tes seins
pour que soient soudain rompues les mille écluses
qui retiennent entre nous un poids d'eau égal à
celui de la mer,
pour que toutes les lumières s'allument en nous.
Et quand dans la clarté du drap,
tu n'es plus qu'un éventail de chair,
j'ai hâte de le faire se refermer sur mon corps
par une caresse que je jette en toi comme
une pierre.