YOLANDE MUKAGASANA - La Folie

Par Ruedelapoesie @ruedelapoesie

Yolande Mukagasana - La Folie
Ce soleil méchant et complice
Qui ose sourire aux assassins 
Qui ose illuminer ce pays maudit
où la loi dirigeante est celle du sang
Dans lequel je ne vois plus que l'abîme
où tout le monde s'enfoncera
un trou noir, où il n'y a que la mort,
aucune lueur, aucun rayon d'espoir
l'absence des victimes est celle des bourreaux
l'absence des bourreaux est celle des victimes
nous avons toute la vie en commun
drôle d'espèce que l'humain
Moi j'embrassais le vent qui emportait mes enfants
je voulais l'embrasser pour les sentir
les serrer très fort dans mes bras
pour me dire que plus rien ne pourra me les enlever
Je les suivrai jusqu'au delà de l'au delà
nous resterons ensemble pour l'éternité
cette éternité que moi seule je comprends
car mon éternité est aussi mon présent
le vent soufflait sur mon corps
je voulais être nue pour sentir sa fraîcheur
j'avais chaud d'être dans l'irréel du réel
je transpirais fort de voir l’irréel de ma vie
J'aurais aimé que ce vent me chatouille
pouvoir rire, comme antan, dans ma bêtise,
et rire de ma sottise de penser que le mal est fort
pouvoir encore rire de moi-même.
Rire de bonheur dans un malheur trop fort.
Je dois sortir au plus vite
de ces souffrances qui me stérilisent
qui anéantissent mon corps et mon âme
quand le monde pense que je vis
Pourtant je suis morte ce jour là
les 100 jours sans réponse du plus haut
m'ont fait douter de son existence
jusqu'au mépris de ceux qui me l'ont appris