Résistant à la sécheresse et capable de pousser là où le blé et le maïs trépassent, le sorgho aurait toutes les vertus pour nourrir la planète s'il était plus digeste. Des chercheurs viennent d'identifier un gène qui va peut-être y remédier.
Dans un monde promis au réchauffement climatique et à l'explosion démographique (neuf milliards d'êtres humains à nourrir d'ici 2050), la plupart des experts cherchent comment doper les rendements agricoles à grands renforts de sélection génétique.
Mais pourquoi ne pas aussi utiliser ces outils offerts par l'ADN pour essayer plus simplement d'améliorer la valeur énergétique des plantes ?
C'est ce qu'Edward Gilding, de l'Université australienne du Queensland, et son équipe, ont voulu faire avec le sorgho commun (Sorghum bicolor), qui serait le candidat idéal dans des régions arides et pauvres.
Cinquième céréale la plus cultivée au monde, essentiellement en Afrique et en Asie pour la consommation humaine, le sorgho présente toutefois un défaut majeur: sa digestibilité par l'homme est bien moindre que celle d'autres céréales, en raison de la composition de l'amidon qu'il renferme. Sucre complexe, l'amidon est utilisé comme réserve d'énergie par de nombreux végétaux et représente le principal apport en calorie dans les céréales, à condition de pouvoir être assimilé par l'organisme humain.
En étudiant le génome du sorgho, décodé depuis 2009, Edward Gilding et ses collègues ont tenté de comprendre quels gènes jouaient dans le métabolisme de l'amidon chez cette céréale.
Ils ont fini par identifier un gène impliqué dans ce mécanisme, la «pullulanase», qui influe grandement sur la digestibilité du sorgho, et donc son apport calorique, selon la variante dont il est porteur.
L'une de ses variantes (SbPUL-RA), relativement peu fréquente chez le sorgho mais similaire à celle qu'on retrouve dans le maïs, le riz ou l'orge, semble produire une céréale plus digeste, suggère leur étude, publiée mardi dans la revue britannique Nature Communications.
Autre avantage de cette variante génétique, ou «allèle», elle n'aurait pas d'impact négatif sur d'autres aspects clefs de la plante, contrairement à ce qui avait été observé lors de précédentes tentatives pour produire de nouvelles souches de sorgho.
«Nous n'avons trouvé aucune preuve d'un effet néfaste» sur le rendement ou la croissance d'un sorgho porteur de cet allèle lors d'essais menés en plein champ en Australie, soulignent les chercheurs.
D'autres études sont nécessaires pour évaluer les bénéfices agricoles et nutritifs d'un sorgho de ce type, en particulier des tests de digestibilité «in vivo», mais «nous pensons que l'utilisation de sorgho intégrant cette variante génétique peut contribuer à améliorer la valeur calorique de cet aliment de base», écrivent-ils.
Cela permettrait d'assurer la sécurité alimentaire dans des régions sujettes à la sécheresse tout en limitant l'augmentation des surfaces cultivées, conclut l'étude.