Mercredi dernier, il y avait une manifestation devant le théâtre Marigny. Il ne s'agissait pas d'une représentation théâtrale de rue ou d'une quelconque performance artistique mais d'une vraie manifestation avec de vrais salariés qui brandissaient des drapeaux de Leroy Brico et des pancartes rutilantes.
Ce n'est pas la première fois que des salariés sont manipulés pour défendre les intérêts de leurs patrons dans l'espace public. Le patronat joue sur du velours en accusant les syndicats, la justice et la législation actuelle d'empêcher les salariés de travailler le dimanche pour gagner plus.
Avec un chômage de masse durable, un pouvoir d'achat exsangue et une précarité galopante, la perspective de gagner quelques sous de plus pour améliorer le quotidien en travaillant le dimanche est tentante. Aussi, de quelle latitude disposaient les salariés quand leurs patrons via la hiérarchie de l'entreprise leur ont demandé de participer à cette manifestation ?
Une liberté forcément restreinte, pour ne pas dire inexistante quand plane la menace du chômage, surtout pour les salariés en CDD...
En l'espèce, il n'y a guère d'autres exemples aussi élevés au niveau de l'exploitation et de l'aliénation quand des salariés sont contraints de manifester contre leurs propres intérêts. Une telle manifestation ne se produirait jamais en période de plein emploi et de salaires décents.
Cet aspect des choses n'est jamais évoqué par des médias dominants sous perfusion de la manne publicitaire qui préfèrent répéter en boucle les billevesées sur le volontariat, la croissance, les créations d'emplois...
A quelques jours du 1er anniversaire de la victoire de F. Hollande, force est de constater, hélas, que l'actuelle majorité n'a RIEN entrepris pour donner un cadre juridique clair qui renforce le repos dominical et qui mette un terme aux revendications du patronat.