À Jean Bastien
Mon cœur
veine ou déveine
aura des ailes
dans les montagnes et dans la plaine
des hommes meurent pour la liberté
L’oiseau parle une langue inconnue
il n’a jamais pensé à la chance
mais la chance est pour lui
dans les chansons mêmes de la peur
la vie n’est qu’un signe
pour ceux qui meurent dans la nuit
trahis par la clarté lunaire
par les regards obstinés du soleil
Il y a parfois un homme qui vient d’Albanie
il parle de la liberté comme d’un sein de marbre
il y a des hommes qui viennent des villages perdus
ils parlent de la liberté comme d’une source pure
il y a d’autres hommes qui viennent des montagnes
ils en parlent par signes et par silences durs
il y a les hommes aussi qui viennent de n’importe où
aux comparaisons obscures et justes
il y a les hommes simples les hommes qui boivent
et les hommes qui ne boivent jamais
qui confondent la liberté la mort, I’amour le souvenir de leur
maman
l’histoire de leur vie de leur patrie
de leurs amours
en mots très simples et en gestes de neige.