Le langage univers de Boris me ravageait, me comblait, lors je me suis jeté éperdument dans tout ce que j'ai pu me procurer : chansons, théâtre, poésies, romans et 10/18 UGE et Christian Bourgois peu après, étaient des précurseurs, grâce à eux, à leur ligne éditoriale, il est arrivé vraiment au lecteur, il m'est arrivé ce divin enfant... Sauf qu'à l'époque il sentait le souffre. Il puait carrément !
J'ai été le premier à faire entrer Vian dans la cour du lycée d'Orthez en 1962. J'en parlais sans fin à mes potes. Je le consignais dans mes "rédactions", mes "exposés", mais il traînait sacrément derrière lui une odeur d'oeuf pourri, oui ! Vian était politiquement incorrect. C'était le salopard qu'il fallait éliminer. Et il a largement été raillé, sifflé, censuré, interdit, poursuivi en justice... Ce qui devait arriver arriva, en plein cours de français ma prof me chopa "l'Automne à Pékin" que j'étais en train de lire en loucedé tellement le cours de cette pauvre madame Lambert de Crémeux que l'on appelait "Tartine" (comme la redoutable héroïne du comic's de l'époque) ou encore "Camembert bien Crémeux" était ennuyeux et désespéremment "plat". Elle ne jurait que par le français "Classique", une vraie purge pour moi, et elle me balança au Surgé (surveillant général). Résultat : conseil de discipline et trois jours de renvoi car y'avait récidive. Guelfucci, le proviseur m'engueula comme du poisson pourri en me disant que Vian était un "pervers-pornographe-subversif" (sic), je m'en rappelle comme si c'était hier. Quand il me convoqua il sortit le livre qu'on m'avait confisqué d'un tiroir de son burlingue, le leva devant moi, à portée de mes yeux, le tenant dans sa main comme s'il tenait un objet pestiféré et le déchira en deux rageusement, avec jubilation, en le jetant à la poubelle : "Voilà ce que j'en fais des mauvais français, de ceux qui encouragent à la désertion" (sic). Il était tellement con que, comme aurait dit Audiard, s'il avait volé, il aurait pu être chef d'escadrille. Le Canard Enchaîné se fendra même d'un article sur lui en titrant "Le proviseur parachuté" car il révélait que cet homme avant d'être proviseur de lycée aux méthodes musclées avait été officier parachutiste !
Boris était loin d'être au programme à l'époque. Il était vomi par nombre de cliques publiques ou privées, réacs à en crever !!! Que j'aurais aimé dire à Tartine ou à ce facho de dirlo, "Mais madame, mais monsieur, vous me piquez le bouquin de quelqu'un qui est à La Pléiade !"
J'ai aimé Boris comme un fou toute ma vie durant. Je l'ai même emmené plus tard à l'armée, l'ai fait lire à des potes de chambrée qui n'ont rien compris à cette histoire d'amour, à ces anguilles qui sortaient d'un robinet, mais je ne me suis pas fait piquer par l'autorité militaire. La marrade ! Je me souviens avoir eu deux de ses petites pièces de théâtre dans la poche de mon treillis, un jour de prise d'armes : "Le Goûter des Généraux" et "Le Dernier des Métiers". Il m'a suivi partout, oui, a même été une fois mon Cupidon lors d'une vraie histoire d'amour. J'ai toujours eu "l'écume des jours" à portée de mains, le plus poignant des romans d'amour contemporains selon Raymond Queneau et c'est à ça que je voulais en venir......
MERDE !!!!!!!!!!!!!!!!!! Elle est portée au ciné ! Incroyable mais vrai ! Comment ont-ils pu en faire un film ? Comment en faire un scénar ? Comment mettre ce roman en scène ? Ça me scie, ça m'émeut, ça m'emballe, ça me fout les jetons (et si c'était un bide ???) mais y'a Michel Gondry et Tautou et Duris... Que du beau monde. ">" target="_self">Sortie le 24 avril, j'en tremblerais presque !!! Oh, mon Boris...
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