Je me baladais sur les berges d'un lac majestueux entouré d'un bois,des saules pleureurs chantaient des chansons mélancoliques ,leurs chevelures s'abandonnaient dans l'eau claire,les pieds dans l'eau.Des canards,des poules d'eau barbotaient,des hérons cendrés pêchaient,des oies sauvages faisaient un brin de toilette sous l'oeil vigilant d'un mâle aux aguets.Les grenouilles croassaient,s'inventaient des histoires,dévoraient des insectes,des nénuphars blancs se laissaient porter par un léger courant,les libellules bleues faisaient vibrer leurs ailes,elles étaient si nombreuses que l'on pouvait percevoir le battement de leurs ailes membraneuses.Il y avait plusieurs ilots,refuges d'oiseaux migrateurs,d'espèces indigènes,les merles,les pinsons,les pics verts,des cormorans,des étourneaux,des corbeaux,des mésanges conversaient,chantant dans un brouhaha bien plaisant.Des joncs frémissaient de bonheur,quelques pêcheurs taquinaient le goujon,la carpe,le brochet.Mes pas me portaient sur un lit de feuilles mortes,je me laissait envahir par les senteurs suaves,j'étais au anges,la tête dans les nuages,accompagné par cette nature,je planais ,euphorique,comme drogué,envouté,tous les sens en alerte.J'aperçus soudain un couple de cygnes,un blanc et un noir,ce fut la première fois de ma vie que je vu un cygne noir,je restai pantois, pétrifié,je les observais,ils se dirigeaient paisiblement vers moi,l'eau ondulait légèrement,je voyais leurs pattes se mouvant,je les attendais .Le cygne noir s'adressa à moi dans un français courtois,sans l'ombre d'un accent,je fus interloqué,je restai sans voix,mes yeux lançaient des points d'interrogation,ma bouche prit la forme d'un ho interrogatif,mon esprit ne pu intercepter le sens de ces mots,car venant d'un cygne cela lui sembla impossible.Il dû répéter par trois fois sa phrase avant que je ne la compris,que mon petit cerveau accepta cette réalité,à savoir qu'un cygne puisse parler le même langage que moi.Il me dit:viens te baigner avec nous,l'eau est douce,elle te caressera,elle est bonne,elle nous envoie comme messagers,elle souhaite que tu viennes partager ce délicieux breuvage,ce nectar qu'elle désire t'offrir.Une fois de plus,je ne fus pas rationnel,pourquoi le serais-je,moi qui ne l'ai jamais été,j'enlevai mon pantalon,mes chaussures,je ne gardai que mon caleçon,et j'acceptai l'invitation,je plongeai .l'eau m'accueillit délicatement,je la pénétrai en profondeur,accompagné du couple de cygnes,notre plongée nous amena dans des abysses insoupçonnées,passant de l'élément aquatique à celui des airs,nous nous retrouvâmes perchés sur un nuage,regardant cette planète bleue à dix milles mètres d'altitude.Mes nouveaux amis,me proposèrent de faire le pas,et de sauter de nuage en nuage,pour redescendre lentement vers notre terre.Je le leur fis remarquer que je n'avais pas d'ailes,contrairement à eux, remarque saugrenue,sachant l'inconcevabilité de cette situation.Ils me dirent saute et tu verras,nous sommes avec toi, n'ai pas peur,nous serons ton parachute.Je n'eus pas le temps de réfléchir,le vent souffla le nuage sur lequel nous nous reposions,et nous tombâmes sur un cumulus en contrebas.Les cygnes riaient à gorges déployées,et je fis de même.Je fus le premier cette fois à sauter de nuage en nuage,suivi par mes compagnons,hilares,nous descendions le ciel,les nuages pour escaliers.Arrivés sur la terre ferme,ayant atterris sur une botte de foin,nous étions grivois,l'air légèrement hagards,nous restâmes là assommés de bonheur durant plusieurs heures.Non loin ,il y avait une auberge,nous nous dirigeâmes vers elle,titubant légèrement,mes amis se déguisèrent en un couple charmant, lui en queue de pie,elle en princesse,et nous déjeunâmes durant des heures ,buvant le temps,mangeant nos rêves,heureux de ce moment troublant.Un raz de marée vint nous prendre tel un chauffeur de taxi et nous emmena dans sa calèche dans les profondeurs de la terre,notre mère qui nous berça,en son sein divin.