Daft Punk, Pharrell & Nile Rodgers ‘ Get Lucky

Exercice de style (comme toujours) : comment parler d’une telle pierre angulaire de la musique moderne sans ni exagérer ni amoindrir son importance ? Peut-être en ne l’abordant pas directement.
Mon humble avis est que, certes, le statut des deux Français est depuis 1997 sans la moindre contestation possible mérité. Cependant, s’ils l’ont acquis ad vitam eternam, ce n’est pas pour autant grâce à un chef-d’œuvre mais plutôt en concoctant un album de House imparable, avec des hymnes (dire de « Da funk » ou « Around the world » que ce sont des tubes seraient une litote qui, de plus, dénigrerait le statut des deux hommes-robots), en somme, Homework est un monument, incontournable et intemporel.
La suite surprit forcément tout le monde. Discovery mettra du temps à s’imposer… le temps nécessaire à ce que l’on se rende compte de l’impact qu’il aura sur tant d’artistes pourtant éloignés de l’électronique. Le film d’animation japonais Interstella 5555 n’en étant qu’une confirmation indiscutable.
Human After All prolongera bien le nom du binôme français, toujours officiellement inconnu tant il se terre derrière des masques ou casques de robot, mais ce fut tout de même un échec navrant, aussi bien commercialement que musicalement.
Dès lors, l’annonce d’un quatrième album semble donner bon nombres d’espoirs : mais Human After All reste dans tous les esprits, donc prudence. Ainsi, ce premier avant-goût, enfin !, donne de suite le tempo : avec des invités de prestige, le nouveau cru devrait cartonner. Mais qu’en est-il réellement ?
Personnellement, force est de constater que la prise de risque n’aurait pu être plus faible. « Get lucky » ne doit à mon goût son salut qu’à la judicieuse et très efficace performance vocale de Pharrell Williams (qu’on ne présente plus…) et celle de la légende vivante Nile Rodgers : avec lui, les échos de l’album à venir seront forcément ceux de Discovery (la présence de Girogio Moroder sur l’album affirme ce constat). En effet, les beats des Daft Punk sont très légers, et les voix passées au vocoder font encore leur apparition lors de la dernière minute, Homework est définitivement rangé dans la case « classique », il n’y reviendront plus (même si Human After All a essayé, mais a foncé dans le mur).
On verra pour l’ensemble de Random Access Memories, mais Daft Punk ne saura sûrement pas trouver une troisième voie… De toutes façons, je crois que personne ne leur demande plus autre chose que du Daft Punk. Mais, s’il vous plaît, du bon Daft Punk.

(in heepro.wordpress.com, le 20/04/2013)

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