Regarder 2007 en face

Vous connaissez 2007? Peut-être avez-vous connu 2007. Si vous êtes en âge de lire, d’ailleurs, vous l’avez certainement croisée. Peut-être qu’elle ne vous a pas marqué. Peut-être qu’elle est passée vite. Peut-être qu’elle a été calme et qu’elle n’a pas marqué vos esprits. Elle a peut-être été joyeuse, ou triste.

Moi j’ai bien connu 2007. Très bien, même. Intimement. 2007 m’a tout pris, 2007 est un monstre. Janvier 2007 m’a offert un deuil, tandis que les premiers mois ont mis en place un mal insidieux dans mon corps. Des troubles alimentaires, une dépression. N’en parlons même pas. Un divorce, aussi. Avril 2007 est le point zéro de ma vie, celui où j’ai rencontré le rayon psychiatrique d’un hôpital régional après avoir voulu mourir de faim, ou sous un train. Ou les deux. Ensuite on m’a pris ma maison, on a changé mes serrures, et j’ai su alors sur qui je pouvais compter. Les mêmes qu’aujourd’hui. Mon chat Baz, mes deux potes, mes parents. J’avais deux sacs plastique avec des fringues dedans, et je suis partie à Paris après l’hôpital. En vomissant. Pour fuir 2007. J’ai cru que 2007 n’existait pas ailleurs. C’était vrai. A Paris j’ai vécu dans une bulle d’étrangeté, et j’ai créé ce qui a constitué mon moteur ces dernières années. Ma création, un nœud de n’importe quoi, qui allait remplir des cases de temps et surtout me donner une nouvelle famille. Une nouvelle maison imaginaire. J’ai rencontré plein de gens, plein de jeunes passionnés, des artistes. Un type qui a changé ma vision des choses. Pendant l’été, j’ai recommencé à manger. J’ai regagné ma maison, la vraie. A l’automne, je suis partie au Japon pour la première fois.

Fin décembre 2007, mes premiers concerts, et c’était lancé. Dès lors, je n’ai plus fait que ça. Et j’ai tiré un trait sur tout ce qui existait avant, sauf les quelques personnes qui m’ont soutenue.  J’ai fêté les 5 ans de ce projet, je suis la mère de tout ça.

Et depuis, je n’ai jamais regardé 2007 en face, je l’ai vue partir en fantôme, parce que j’ai fui dans une spirale de folie, que j’ai mis du stress, de l’argent, du temps, de l’émotion dans tout ça, et que j’ai oublié de chercher les causes à ce qui s’est passé. Aujourd’hui je grandis. Je suis fatiguée, un peu. J’ai envie d’être plus proche de moi, d’arrêter la course. Mais je ne peux pas. Parce que je vis dans un passé non-résolu.

Alors je vais prendre une pause, et je vais ralentir le mouvement, et reprendre la vie là où je l’avais laissée, parce que j’ai besoin de réapprendre. Et de faire que 2007 devienne un souvenir comme les autres, pas un monstre du placard qui revient tout le temps, dès qu’il fait un peu noir. Je voudrais ne plus en parler, ne plus le voir. Je voudrais considérer ce que j’ai fait de ces années comme une vraie évolution, pas comme un traitement à la mélancolie…

Bref… J’en ai encore parlé. Mais parfois j’ai tellement besoin de mettre des mots là-dessus et de me rendre compte…