Demain est arrivé ; la Compagnie Les Mille et une Vies aura dix ans en novembre prochain. Avec l'âge arrivent les questions, les remises en question, les envies de transformation ou de remise à plat... Ce qui nous semble évident, les mots qui nous habitent et nous disent "Il faut continuer", ces mots donc sont suivis d'autres mots "pouvons nous continuer ? " et tout de suite, de questions complémentaires comme "que devons nous changer?". En somme, nous nous demandons comment être, comment grandir dans cette époque qui ne cesse de dire que la culture et l'art ne sont rien ?
Un temps.
Dans le noir, un semblant de réponse paraît, "nous devons évoluer ou lentement disparaître".
Un temps, je cesse de penser à l'ensemble et me concentre sur le particulier. Je reviendrais à l'ensemble plus tard, mais pour l'heure tentant de me concentrer je regarde ce que cet espace, ce blog, Marionnettes en Prison représente.
Un autre temps donc pendant lequel, repensant à cet espace, lieu de parole dans lequel mot après mot nous adressons notre quotidien, nos expériences, nos rires et peines...
Un temps encore.
J'imagine, le blog comme un devoir, j'aurais 8-9 ans et on me dirait, mets en application ceci, mets en application cela, exerce toi....
Un temps, toujours et encore, un temps.
Puis, non, je me dis que je ne continue pas par devoir mais par choix et nécessité. Espace de parole, ce journal en ligne permet de mettre à jour mes pensées, les vérifier, certaines fois les regardant embrouillées, je les fait évoluer. Mais pourquoi mettre en ligne, donner à lire et entendre ? Quel étrange jeu, que celui là, le "je" de la compagnie, un temps mis à nu ?
Je reviens à l'ensemble et repense, la Compagnie Les 1001 Vies aura dix ans... Ce lieu en aura deux bientôt. Deux ans, ne sont rien mais brouillons, nous nous interrogeons sur le devenir de cet espace. Devons-nous continuer de l'alimenter ? Un journal ?
Il me faut revoir comment l'espace s'est construit. Comment s'est-t-il animé ? Ce blog a été ouvert en 2006 pour servir de lieu d'échange avec les familles de ceux qui, en Maisons d'arrêt suivaient nos ateliers. Mais lieu d'échange, en fait, le blog ne le devint jamais ; les lecteurs silencieux, y venaient puis repartaient... Une fois que les actions en Maison d'Arrêt se sont arrêtées, nous avions pris l'habitude d'écrire ici, et nous avons continué... Aujourd'hui, deux ans plus tard, qu'est-ce donc que ce lieu ? Qu'est donc devenu cet espace ? Avec le temps, cette maison virtuelle a grandi et a abrité les belles et les sales choses ; sans réflexion, tête baissée, continuant d'avancer, habitués que nous étions de nous plier à l'exercice que nous imposait le lieu, nous l'avons laissé aller. Et Marionnettes en Prison est devenue maison iconoclaste dans laquelle se croisent enfants des ateliers venant récupérer nos mots et leurs photos et promeneurs du hasard et des mots-clés. Nous mettons en ligne nos photos, nos doutes, nos projets...Cela permet à ceux que nous connaissons, les enfants suivant les ateliers, à Wingles ou Maulde, à Avesne-le-Sec, à Douai, leurs familles, se promenant dans cet espace de découvrir notre univers, de mieux nous connaître, ça fait partie du jeu qu'on a décidé de jouer.
Un temps encore.
Puis reprenant, utilisant peu les cadres traditionnels, nous en avons inventé d'autres mais nous nous retrouvons face à des limites...aux limites de notre réactivité...
Mais ces mots, ce journal nous prennent du temps, il nous permettent de mieux nous connaître et, imaginant le lecteur, toi, nous imposent de travailler la langue en direct. Sans trop de corrections, avec des fautes, de grammaire, d'orthographe et peut-être parfois même de goût. Mais cela est connu, les goûts et les couleurs ne se discutent pas. Je ne te demande pas les tiens, tu ne me demandes pas les miens. Je te donne à lire et j'avance ainsi ; mot après mot la phrase paraît.
Un temps.
Ce lieu, Marionnettes en Prison, aujourd'hui nous nous demandons si il ne devient pas trop fouillis et, si nous ne devrions pas le faire évoluer... Plus que les catégories, qui nous permettent de classer nos articles nous nous posons la question d'imaginer un site ou nos points de vue ne s'entrechoquent pas autant qu'ici... Dans ces choix, rien, aucune carte ou repère pour nous guider.. Alors, on en reparlera, mais ça devrait se transformer ; à notre rythme, pas trop vite, mais ça devrait changer ou fermer...