Construit autour du chemin de briques jaunes du Magicien d'Oz, et de ce qu'il cache au bout, ainsi que sur des bases du Projet Blair Witch, Le Chemin Sans Retour nous emmène au coeur d'une expédition journalistico-scientifique qui va se confronter aux pouvoirs d'un chemin que l'on pourrait qualifier de hanté. Tout un village y avait disparu, en habit du dimanche, sans qu'aucune explication n'ait été apportée. Lent dérèglement qui arrivera à bout de chaque membre, il n'y a pas grand-chose à attendre de cette variation Blair Witch, mais le spectateur aventureux arrivera quand même au bout du chemin, poussé par la curiosité. Impressions mitigées...
Il y a quelque chose d'amusant dans ce Yellow Brick Road qui plonge au coeur du Magisien d'Oz pour le retranscrire en une variation, par un certain coté habile, du Projet Blair Witch. En dépit de son coté patchwork et de sa réussite plus que contestable, la rédaction a cependant suivi cette peu surprenante aventure sans éprouver de déconvenue rédhibitoire Zéro surprise si ce n'est l'arrachage de j... (mais n'en disons rien !) qui arrive vers la moitié, une montée en puissance archiconvenue basée sur une longue exposition puis l'apparition de petits détails, jusqu'à leur accélération vers un final tragique, le Chemin Sans Retour reproduit fidèlement une mécanique de peur éprouvée, mais parvient cependant malgré ses écueils à garder le spectateur éveillé.
La forêt impose son rythme, fait de vieilles rengaines 40's, sur la normalité de nos personnages et petit à petit les dérègle et leur fait perdre la raison. On se perd dans cette forêt hors du temps et tout repère géographique fixe, et on assiste au naufrage de chacun des loustics, alors que l'initiateur de l'expédition ira vers son "magicien", en empruntant le chemin jusqu'à son terminus, jusque sa vérité. Si tous les jeunots agissent un peu comme des poulets sans tête au milieu d'un déroulement scénaristique au suspens éventé, les deux réalisateurs nous donnent quand même envie de "savoir" ce qui va réellement leur arriver. Et même si on pourra leur en vouloir de nous avoir tenus en éveil pour si peu (car "oui" : tout ça pour ça" !), il faut reconnaître qu'ils y ont réussi... presque habilement au vu de leur matière.
Avec son climat inégal, son budget aussi peu épais que sa forêt gigantesque, Le Chemin Sans Retour est tout sauf bon, mais peut être parce qu'il ressuscite le Blair Witch sans imiter à l'identique le procédé found-footage, et aussi parce que ça faisait finalement longtemps que l'on ne nous avait pas proposé de jouer sur ce thème, on suit l’expérience sans s'ennuyer non plus. Simplement consommé pour ce qu'il est, protégé par la conviction et l'énergie de ses réalisateurs (certes absente de l'image, mais le film dégage une certaine sincérité) et joliment imbriqué avec la thématique Ozienne, Le Chemin Sans Retour parvient à maintenir les amateurs de fantastique éveillés, bien plus efficacement que les found-footage habituels qui ont saturé nos écrans ces dernières années. Si la réussite n'est pas vraiment au bout du chemin, saluons quand même la tentative de recyclage et l'hommage (enfin pillage, mais bon...) à quelques morceaux de la culture populaire américaine. Le Chemin Sans Retour sera supportable (de justesse) à condition d'y jeter un oeil bienveillant et d'être dans une période de surconsommation, mais les faiblesses qui le traversent (nombreuses) ne réussissent pourtant pas, selon nous, à l'abimer au point de le rejeter. Une variation intéressante sur des idées usées, juste pour passer le temps...
Procurez-vous Le Chemin sans retour ou d'autres films de Jesse Holland / Andy Mitton