Animatrice reconnue et respectée d’une station de radio new-yorkaise, Erica (Jodie Foster) est aux anges : elle prépare activement son mariage avec l’homme de sa vie, David (Naveen Andrews). Malheureusement, un soir, le couple est victime d’une agression crapuleuse… David décčde des suites de ses blessures et Erica doit maintenant apprendre ŕ se reconstruire progressivement. Toutefois, aprčs un tel drame, Erica a changé et s’est muée en une autre personne, une étrangčre, qui a soif de vengeance…
"A Vif" ou "The Brave One", en version originale, souffle le chaud et le froid. Tout dépend en fait comment le spectateur prendra ce thriller pessimiste. Il y a, avant la maničre, le fond. Jonglant - parfois imprudemment - avec des thématiques lourdes de sens, les scénaristes Cynthia Mort, Bruce A. Taylor et Roderick Taylor usent - du moins au début de l’intrigue - de clichés liés ŕ l’Insécurité et ŕ la violence urbaine...
Ainsi, le personnage joué par Jodie Foster se fait le "champion" de la malchance, durant la premičre demi-heure du film, en étant violement agressé dans un parc, puis menacé successivement dans un magasin et dans le Métro ! Cet enchevętrement poussif de situations extręmes a toutefois le bon goűt de céder ensuite la place ŕ une analyse, mieux négociée, de la soif de vengeance, de la notion de justicier & des multiples personnalités qui peuvent façonner l’ętre humain.
"A vif" ne propose toutefois pas toujours les bonnes clés de lecture... La faute peut-ętre ŕ une volonté trop affirmée - de la part de l’équipe du film - de rester dans la catégorie thriller sans devoir ainsi sombrer (?) dans le drame psychologique. En effet, moins pesant que le synopsis pourrait le laisser penser (encore que !), "The Brave One" reste un film expiatoire s’insérant sans mal dans la longue lignée des longs-métrages traitant de Vendetta…
Sous-genre sur-représenté oů se côtoient aussi bien les adaptations de Comics ("V pour Vendetta") que les films d’action pure, en passant par des œuvres plus personnelles et/ou déjantées comme les "Kill Bill" de Quentin Tarantino. "A Vif" choisit ici une voie plus réaliste et plus dramatique pour monter en épingle la vengeance latente d’Erica, alias Jodie Foster.
Si le fond de l’intrigue reste discutable et suscite le débat, la forme est davantage ŕ souligner ! Aux commandes de "The Brave One", nous retrouvons le cinéaste irlandais Neil Jordan qui, aprčs "Entretien avec un vampire" (1994) et "Premonitions" (1999), n’a pas perdu de son talent pour "mettre en musique" des histoires sordides et leurs donner une aura trčs particuličre. Pour l’occasion, Jordan a le plaisir de diriger une toujours impeccable Jodie Foster et un excellent Terrence Howard.
Aprčs "Panic Room" (2002) et "Flight Plan" (2005), Jodie Foster ne quitte pas la nébuleuse du polar noir, bien qu’elle a fait une brillante incursion, en 2006, dans l’univers de Spike Lee ("Inside Man"). Prochainement ŕ l’affiche d’une comédie légčre (enfin !) - "L’Ile de Nim" -, Jodie Foster, le visage froid et impassible, joue tout en nuance une victime de la violence qui va progressivement se transformer en une machine ŕ débusquer et ŕ annihiler le mal. Un rôle qui aurait pu dérailler sans le doigté incontestable d’une actrice d’exception !
Face ŕ notre (anti-)héroďne, Terrence Howard campe avec brio un flic intčgre, aux convictions solides, qui va, peu ŕ peu, baisser sa garde et se remettre en question… En voilŕ une performance séduisante qui va męme jusqu’ŕ faire de l’ombre, par moment, ŕ l’interprétation de Jodie Foster.
Vous l’aurez compris : "A Vif "brille principalement par la mise en scčne inspirée de Neil Jordan et par le tandem irréprochable qui campe au sommet de l’affiche. Il serait sans doute plus judicieux de prendre ce "Brave One" comme un polar sombre déclinant l’instinct de vengeance en mode "drame urbain", plutôt que comme une propagande déguisée pour la "Justice expéditive". Le débat reste ouvert…
La bande-annonce…