La dame de fer à tout faire

Publié le 19 avril 2013 par Wtfru @romain_wtfru

Margaret Thatcher, Maggie, “la dame de fer” peu importe le nom qu’on lui prête aura été l’un des symboles les plus emblématiques de la fin des trente glorieuses. Non seulement elle fût la première femme de la planète à diriger une puissance occidentale, mais elle le fît de 1979 à 1990. Il lui aura fallut trois mandats pour respectivement redonner confiance au Royaume-Uni à la dérive, marteler son euroscepticisme de l’Atlantique à l’Oural et de réaliser que même en ayant grandi sur une île on peu se sentir très seule.

Ronald Reagan accompagné de ses amis du Boston College vont redéfinir le libéralisme et Margaret Thatcher apportera très rapidement son English touch à l’édifice puisque le président américain deviendra son allié idéologique. Leur « sorcière » à eux est l’Etat providence, la société dépendante, les assistés, bref les pauvres, sans éducation et de préférence moches. Elle décide alors de remettre en cause tout ce que les travaillistes britanniques ont mis en place immédiatement après la seconde guerre mondiale et ce que les américains ont instauré à partir des années 1960. Rappelons que de son côté Ronald Reagan a démonté pièce par pièce le projet The Great Society de Lyndon B. Johnson – équivalent du New Deal de Franlin D. Roosvelt. Ce qui impressionnera chez la vieille dame c’est que malgré son age, elle ne bougera pas sa manière de penser d’un poil : elle croit fermement que l’Etat providence tue l’initiative privée, ralenti la création de richesse, crée une bande d’assistés et démoli le marché. En revanche, celui-ci n’a besoin d’aucune intervention puisqu’il s’autorégule. Le discours est clair : retroussez-vous les manches bandes de branleurs, travaillez plus, vous gagnerez plus !

Bon, si nous remettons les choses dans leur contexte, il est clair que la Grande-Bretagne de l’époque n’avait pas fière allure. A sa prise de pouvoir, elle vit au rythme des subventions du Fond Monétaire International (FMI) et est à deux doigts de se faire manger tout rond par l’Europe et la politique sociale-démocrate de sont président (celui de la commission européenne) de l’époque Jacques Delors. Elle a initié sa campagne d’austérité avec l’abolition du lait des cours de récréation, ce qui lui a valut le surnom de « Margaret Thatcher, Milk Snatcher ». Très drastique, elle enchaînera sur de grandes vagues de privatisations, en se mettant à dos les syndicats, et une guerre aux Iles Malouines pour reprendre « l’île de bergers » aux argentins : tout est dit, personne ne touchera ni à la suprématie « anglaise », ni à la livre sterling. Tout s’accélère, la mondialisation aussi, et les événements prennent des proportions incroyables alors que le marché est toujours de plus en plus inégal. Elle tentera de bricoler, comme Tony Blair ou Bill Clinton un néoliberalisme qui cherche sa légitimité encore aujourd’hui.

La dame de fer à tout faire inspirera énormément les artistes britanniques et de manière involontaire sera catalyseur de talents puisque The Clashs, The Sex Pistols pour la musique ou Stephen Frears et Hanif Kureishi pour le cinéma n’auront sans doutes jamais exprimé leurs talents sans elle. Maggie, un premier ministre qui vous veut du bien aura fait prendre conscience aux britanniques qu’il existe des minorités peut visibles auxquelles il fallait faire très attention au risque de mettre en péril la fragile cohésion d’un pays morcelé.

Margaret Hilda Thatcher, Baroness Thatcher laissera son empreinte encore aujourd’hui sur les modes de fonctionnement économiques européens et les britanniques peinent à se défaire de l’euroscepticisme qui caractérise le parti conservateur. Ses funérailles ont été célébrées cette semaine dans un climat très particulier puisque parmi les présents, une foule de contestataires étaient là pour rappeler le traumatisme de Maggie. Le prix de ses obsèques reviendra à environs 11,6 millions d’euros et certains ont même suggéré de privatiser cet événement en les attribuant au moins offrant car c’est sans doute ce qu’elle-même aurait fait.