Les pseudo-"riches", nouvelle cible...

Publié le 19 avril 2013 par Falconhill
J’ai déjà écrit sur ces histoires de baisses des allocations familiales pour les ménages supposés « riches ». J’ai déjà exprimé mon opposition concernant ce sujet. Aussi pour le symbole qui est envoyé aux ménages supposés « riches », et sur qui repose toute la solidarité nationale. Qui paient les impôts pleins pots, et ne bénéficient comme seule « aide » que les allocations familiales. Ce symbole est d’autant plus inquiétant qu’il s’accompagne, de la part de certains qui veulent défendre ces baisses d’allocations familiales, d’attaques assez insupportables vis-à-vis de ceux qui sont considérés comme « riches ». Lutte des classes sur fond de politique familiale…
Le rapport Fragonard est pour moi inquiétant sur tous ces points. « Ne pas mordre sur les classes moyennes » indique le gouvernement. Pourtant, dans les premières simulations, elles le sont, mordues.  On peut ensuite jouer avec les mots, et avec les chiffres. Mais je ne considère pas 5500 € à deux comme la richesse ultime qui légitime le fait que l’on paie taxes et impôts pleins pots, sans aucune aide, et en plus avec une certaine société qui montre du doigt. Et qui en plus se moque (voire insulte) quand elle soupire, cette classe, devant des charges et des devoirs qui ne cessent d’augmenter (pour des droits qui eux, s’envolent subrepticement). Non, je ne considère pas que 5500 € par mois pour le couple du travail, c’est être "riche".
Les impôts augmentent pour ces classes moyennes, sans doute légèrement supérieure, mais on est loin du grand patron CAC 40… Les salaires n’augmentent pas (le revenu salarié du travail aurait même tendance à baisser, c’est en tous cas mon cas). Ce couple à 5500 € par mois, qui ne vole personne, surtout pas ce qu’il gagne, voit toujours un peu plus ses épaules se charger. Et il voit maintenant qu’on veut lui supprimer le peu d’aide auxquelles il a droit. Mais que en plus, sur la forme, il y a des gens (parfois des militants) qui vont l’insulter, se moquer de lui, le « pauvre riche qui pleure sur ses allocations familiales ». Ce pauvre « riche » qui permet à notre société de tenir tant bien que mal.  Qui travaille, qui ne demande pas grand-chose à la société, qui cotise (beaucoup), et qui se fait cracher dessus.
Ça fait un peu beaucoup, je trouve.
Surtout quand ensuite on lit, sur des blogs, sur Twitter, des moqueries qui peuvent confiner à l’insulte. « Supprimons les aides à ces riches qui font des enfants pour toucher les allocations ! », « marre que ces riches touchent des aides ! », « oh là là, pauvre riche à qui on va supprimer une aide pour leurs enfants… », « voleurs de riches ! Rendez l'argent… » etc… Et le "riche", ce n'est pas Bétencourt... Je me posais la question de savoir quelle serait la réaction de certains si on remplaçait le mot « riche » (ou « familles aisées ») dans certains tweets ou commentaires par un autre mot. « Musulman », « chômeur », « assisté », « fonctionnaire »… Style un « marre que les chômeurs touchent des aides », ou « marre que des musulmans touchent des allocations familiales ».  D’un seul coup la phrase prend une autre couleur. Et elle devient, à juste titre, inacceptable. Par contre, quand on crache sur le couple de salarié cadre moyen qui touche 5500 € à deux, cela passe.
Le couple qui touche 5500 € par mois sans voler personne risque d’en avoir vite marre d’être la nouvelle cible de certains. La lutte des classes, c’est sans doute très bien. On peut toujours se moquer du crétin qui bosse, qui cotise, qui paie les impôts, qui paie la crèche ou la cantine de ses gosses sans aides. Simplement, c’est aussi lui qui permet à celui qui gagne moins, qui est au chômage ou dans la difficulté, d’avoir un prix réduit pour la crèche, la cantine ou les vacances de ses enfants. Et si on veut répondre à la provocation de certains qui veulent couper toutes aides à « ces salauds de riche », on pourrait ajouter que ce couple qui touche 5500 € par mois sans voler personne permet aux branleurs et aux délinquants qui squattent à Notre-Dame-Des-Landes de toucher ces aides sociales qui leurs permettent de ne rien foutre et de « sauver la planète ». Si on veut opposer, opposons… C’est nul, c’est minable. Mais visiblement l’ambiance veut ça. Alors…
Aujourd’hui, c’est cette classe considérée comme « aisée » qui est pris pour cible. Et qui est insulté par des personnes qui profitent de ce système de répartition qui se veut toujours plus injuste pour cette classe moyenne. Si au moins cela pouvait ne pas s’accompagner d’insultes de la part de ceux qui veulent les saigner davantage, cela serait très bien…
En tous cas voici un exemple supplémentaire de cette ambiance socialement détestable en ce moment...