QUEL CYNISME – SPOLIONS LE !
Auditionné à l’Assemblée nationale, le PDG du sidérurgiste ArcelorMittal, a vivement conseillé que l’Europe prenne des mesures pour empêcher l’importation de produits à bas prix. Il a critiqué le faible temps de travail.
Auditionné à huis clos – à sa demande – ce mercredi à l’Assemblée, Lakshmi Mittal n’a pas mâché ses mots. Le PDG d’ArcelorMittal a profité de l’occasion pour dénoncer une nouvelle fois les coûts de production trop élevés en Europe, et notamment en France, qu’il a comparés au coût horaire du travail de 3 dollars en Chine. Il a sans surprise fustigé le temps de travail trop faible dans l’Hexagone, exigeant une plus grande souplesse du droit du travail et des syndicats. «Comment faire pour concurrencer les productions russes et chinoises qui en plus sont soutenues par leur gouvernement?», a-t-il lancé aux députés.
Mais, au cœur de son discours libéral, Lakshmi Mittal a surpris : selon un député présent à l’audition, Lakshmi Mittal souhaiterait que le continent prenne «des mesures pour empêcher l’importation d’aciers à prix bas, comme le font les États-Unis avec leur «Buy American Act». Autrement dit, il prône plus de protectionnisme en Europe. «C’est vraiment la politique industrielle européenne qui doit être repensée avec des enjeux de protection de notre modèle», enchérit Jean Grellier, député socialiste des Deux-Sèvres.
Les députés regrettent la «leçon d’économie»
Mais, plutôt que de leur administrer une «leçon d’économie», certains députés auraient préféré que Lakshmi Mittal annonce des mesures concrètes et des chiffres pour venir en aide à la sidérurgie en Europe. Et sur ce sujet, il a déçu. Interrogé sur les 180 millions d’euros d’investissements qu’il a promis de réaliser sur les 5 prochaines années pour le site de Florange, il se serait tenu «à sa feuille de route», sans plus de précision. «On a bien compris qu’ils (les 180 millions d’euros) ont été arrachés par le gouvernement», raconte Michel Liebgott, député de Thionville Ouest (Moselle). Et Lakshmi Mittal de glisser: «Vous ne pouvez pas me garantir une croissance de 3% par an en Europe, je ne peux pas vous garantir un montant d’investissement» pour l’usine de Florange.
«Il n’a pas répondu aux questions qui l’embêtaient»
Michel Liebgott, député PS de Moselle
Pas plus de détails au sujet du projet Ulcos (projet européen de captation et de stockage du CO2). «Il a expliqué que les études n’auront de traduction industrielle que si c’est viable économiquement, ajoute le député de Moselle. Mais il n’a pas répondu aux questions qui l’embêtaient, même répétées, sur le sort des intérimaires de Florange et des salariés ne travaillant pas directement pour ArcelorMittal, sur les montants qu’il a récupérés du CO2, des crédits d’impôts ou du chômage partiel».
En revanche, le PDG du groupe sidérurgique a exprimé notamment la «volonté de développer les sites portuaires de Fos et Dunkerque avec des investissements», qu’il n’a pas chiffrés, et a insisté sur une capacité de recherche et d’innovation en France «parmi les meilleures au monde», a noté le député PS des Deux-Sèvres Jean Grellier. Dans un communiqué diffusé en soirée, ArcelorMittal a confirmé que son PDG avait souligné que l’avenir du groupe consistait à «concentrer la production de fonte dans ses usines côtières qui sont les plus compétitives».
(Le Figaro)
Tags: économie, Mittal, protectionnisme