Les facteurs professionnels ont été largement associés à des modèles de mortalité spécifiques, mais qu’en est-il des stars ? Est-ce un métier à risques? La rançon de la gloire est-elle systématiquement une mortalité prématurée ? En cause, les comportements à risque ou la pression liée à la célébrité ? Cette drôle de question, ces chercheurs canadiens se la sont posée et répondent, le plus scientifiquement possible dans QJM, « An International Journal of Medicine ».
Pourquoi 27 ans ? Face au décès à l’âge de 27 ans d’Amy Winehouse, Jimi Hendrix, Brian Jones et Kurt Cobain, des chercheurs de l’University Medical Center (Freiburg-Allemagne) et de la Queensland University of Technology (Brisbane, Australie) s’étaient posé le même type de question et répondaient, fin 2011, dans le British Medical Journal.
Ici, ce sont des chercheurs des universités de Queensland et de New South Wales (Australie), menés par le Pr Epstein (Queensland) – qui ont entrepris d’analyser un millier de notices nécrologiques parues dans le New York Times (NYT), sur la période 2009-11, pour tenter d’élucider les relations entre la réussite professionnelle, l’incidence de maladies mortelles et la longévité. La motivation sous-jacente de l’étude était la contribution du stress et de la pression liés à la célébrité au risque de décès précoce. Enfin, les personnalités ont été réparties en grandes catégories professionnelles (Performance et sport dont les acteurs, chanteurs, musiciens, danseurs et sportifs, artistes dont compositeurs, peintres, photographes, écrivains, entreprise, militaire et politique et académique dont scientifiques, historiens, philosophes…
L’un des résultats principaux est le tabagisme et le cancer du poumon comme principale cause de décès prématuré, chez ce groupe de personnalités célèbres. Précisément,
· Chez ces célébrités, l’âge moyen du décès est plus élevé chez les hommes que chez les femmes (80,4 vs 78,8 ans).
· Les décès les plus prématurés en âge sont constatés chez les sportifs, les chanteurs ou musiciens, et les artistes (vers 77 ans).
· Les décès les plus tardifs en âge sont observés dans le domaine militaire, de l’entreprise et chez les travailleurs politiques (aux environs de 80 ans)
· Les décès les plus précoces en âge sont associés à des accidents (66 ans), des maladies infectieuses (68 ans) et des cancers (73 ans).
· Les décès par cancer surviennent le plus souvent chez les artistes et particulièrement le cancer du poumon.
· « Mourir de vieillesse » est le terme le plus fréquemment utilisé chez les philanthropes, les universitaires et les médecins et le moins fréquemment utilisé pour les sportifs, les artistes et les créateurs.
Le prix à payer pour la célébrité et la réussite dans des carrières artistiques ou sportives pourrait donc être une espérance de vie raccourcie. Car l’analyse conclut bien qu’en moyenne, les artistes célèbres et grands sportifs meurent plus tôt que les autres groupes professionnels qui bénéficient d’une notice nécrologique, comme les hommes politiques ou les chefs d’entreprise par exemple. Les auteurs suggèrent plutôt des explications de bon sens pour ces résultats qui semblent refléter la croyance populaires d’ » étoiles filantes ». Ces taux de mortalité précoce pourraient être simplement associés en effet à des comportements à risque tels que le tabagisme, la consommation d’alcool et de drogues. Il y a évidemment des contre-exemples évidents à ce risque de décès précoce, mais c’est une autre histoire.
Source: QJM: An International Journal of Medicine doi: 10.1093/qjmed/hct077 online April 17 2013Death in The New York Times: the price of fame is a faster flame.