Auteur : Teresa Medeiros.Langue originale :Anglais. Traduction : Emmanuelle Ghez.Éditeur : Milady.Date de parution : 2012.Pages : 285.Prix : 7,10€.
Ce qu'en dit l'éditeur
Auteure d’un presque Pulitzer, Abigail Donovan tarde à mettre le point final à son prochain roman. Aussi, lorsque son agent lui ouvre un compte Twitter, se prend-elle au jeu des tweets, retweets, hashtags, etc. "MarkBaynard", professeur d’université en congé sabbatique et twitteur averti, devient l’un de ses followers les plus assidus. Entre la jeune femme et lui, va naître un échange jubilatoire plein de réparties spirituelles et de références aussi drôles qu’inattendues. Grâce à cette étonnante rencontre virtuelle, Abby va retrouver l’inspiration et le goût de vivre. Mais pourquoi rester enfermée devant son écran alors que Mark parcourt le monde ?
"Le livre idéal pour réchauffer vos soirées d’hiver. Tendre, drôle et poignant, ce roman vous fera passer du rire aux larmes en un tweet." Kristin Hannah, auteure acclamée par le New York Times
Une fois n'est pas coutume, j'ouvre cette chronique avec une anecdote personnelle.
Salon du Livre, quelque part entre N53 et U22
Je confiais à une amie à l'esprit bien acéré ma déception à la lecture de Pour un tweet avec toi. J'étais littéralement en train de m'embourber car dans l'incapacité de résumer ma pensée (ô surprise !) quand soudain, ladite amie m'a pointé du doigt le livre de David Foster Wallace qui trônait sur un des stands. Le titre ? Un truc soi-disant super auquel on ne me reprendra pas. Je souris. Voilà. C'était exactement ça.
Ça m'écorche les doigts de l'écrire mais Pour un tweet avec toi est la déception la plus amère que j'ai connue – juste après l'homosexualité de Matthew Bomer, cela va de soi. Pourtant, en soi, tous les ingrédients pour me plaire étaient réunis : une auteure en proie à la page blanche, moult références aux séries et aux films, une amourette via Twitter – auquel j'ai moi-même longtemps été accro jusqu'à ce qu'enfin je parvienne à me "désintwoxiquer" – de l'humour, bref, tout, absolument tout, était là. Excepté peut-être la magie.
La faute, dans un premier temps, aux clins d'œil incessants de Teresa Medeiros – trop de références tuent la référence –qui, je n'en doute pas, partaient d'une bonne intention, celle de recréer à l'écrit la joute verbale qui accompagne souvent l'aube d'une relation, mais qui, parce que trop nombreux, sonnent malheureusement faux. Alors peut-être que je ne fréquente pas les bonnes personnes mais rassurez-moi, toutes les conversations et plus spécifiquement ici les flirts du monde ne sont pas uniquement un ping-pong géant et über référencé, si ?
En outre, ces clins d'œil sont dans leur grande majorité très ciblés (Glee, Gilmore Girls, Beverly Hills etc) ce qui a tendance à m'agacer. Sans doute visent-ils un public "girly" mais c'est tout à fait réducteur voire insultant. Quid des femmes qui, comme moi, préfèrent Oz, The Shield ou encore The Wire ? J'ai également été quelque peu médusée par les répliques de Mark qui est, si j'ai bien compris, professeur de littérature à l'université mais dont la culture se résume aux auteurs classiques et/ou contemporains (Meyer, Austen, Stephen King...).
La faute ensuite à la maladresse (désinvolture ?) de l'auteure qui n'aborde pas suffisamment en détails des sujets qui auraient pourtant pu être passionnants, à commencer par l'enfer de la page blanche, que tout écrivain ou même blogueur a connu au moins une fois dans sa vie et qui est ici traité avec une superficialité affolante : les mécanismes de pression extérieure comme intérieure sont à peine effleurés et l'élément qui occasionne son déclic, affreusement niais et ridicule.
De même, Twitter qui est en soi un sujet fascinant ne fait à aucun moment l'objet d'une analyse, même sommaire, ce qui est fort dommage car les tweets qu'échangent Abby et Mark révèlent pourtant une vraie maîtrise – nul doute que Teresa Meideiros est une experte ! Faute donc de questionner la notion d'intimité, elle se concentre sur la mécanique addictive du site, qu'elle retranscrit d'ailleurs à merveille (j'ai notamment grandement apprécié le passage où elle reconnaît tweeter dans sa tête !) et rend minutieusement compte des rituels qui se créent entre twittos.
Il aurait cependant été plus pertinent de ne pas limiter le récit à leur échange pseudo-épistolaire, qui se déroule essentiellement par DM (direct message) mais de l'ouvrir aux autres twittos ce qui, d'une, aurait pu donner lieu à quelques savoureuses complications, de l'autre, aurait rendu plus crédible l'histoire, Abby ne discutant pas qu'avec un seul de ses followers... Par ailleurs, quelques zones d'ombre persistent dans la construction même de cette relation virtuelle dont, parmi celles que je peux vous révéler sans vous spoiler, la plus cruciale : comment Mark a t-il trouvé Abby sur Twitter ?
Enfin, le fait que la traduction ait écorché à plusieurs reprises le nom d'un des personnages phare de ma série fétiche (Buffy Contre les Vampires) a achevé de me révulser.
Pour un tweet avec toi réunissait donc, a priori, pléthores d'excellentes idées mais n'a malheureusement pas su les exploiter à bon escient. Dommage.En 140 caractères ? Jetez-vous plutôt sur Quand souffle le vent du nord de Glattauer. La meilleure des romances virtuelles. Singulièrement drôle & intelligente.
Les petits plus - Pétries de références, ces presque 300 pages vous permettront de combler vos lacunes en pop culture en quelques heures.- Les deux personnages principaux (Mark et Abby) échangent une multitude de photos via Twitter et figurez-vous que vous pouvez presque toutes les retrouver ici.
N'hésitez pas si :
- vous aimez les romances avec twist ;
- vous avez une culture de l'écran (cinéma, télévision) ;
- vous êtes membre de la secte Apple (l'auteure aussi, il semblerait) ;
Fuyez si :
- vous avez horreur des clichés ;
- vous attendez une analyse exhaustive de Twitter ;
- vous recherchez la même puissance émotionnelle et addictive que celle de Quand souffle le vent du nord de Daniel Glattauer ;
Le conseil (in)utile
Si vous n'êtes ni sérievore, ni cinéphile (vraiment, ça existe encore ?) (cessez de ruminer, je vous taquine !) mais que, malgré tout, vous êtes suffisamment courageux pour vous lancer dans cet ouvrage, assurez-vous d'avoir Google sous la main sous peine de ne pas saisir les divers clins d'œil humoristiques de l'auteure et donc, vraisemblablement, de passer à côté de Pour un tweet avec toi vu qu'il repose essentiellement sur ces références.
En savoir plus sur l'auteur
Voilà ce que Milady en dit : "Teresa Medeiros est l'une des auteures les plus appréciées de la fiction romantique. Elle figure dans tous les classements américains de best-sellers, dont le New York Times, USA Today et Publishers Weekly. Ses romans ont été vendus à plus de sept millions d'exemplaires et publiés dans près de vingt langues".Ce livre s'inscrit dans un seul de mes challenges : les 170 idées.