Dans un avenir proche, les élèves de la classe B de 3ème du collège Shiroiwa ont été amenés sur une île déserte par une armée mystérieuse. Un adulte surgit tout à coup devant eux : leur ancien professeur Kitano. Il leur annonce qu'ils vont participer à un jeu de massacre dont la règle consiste à s'entretuer. Seul le dernier des survivants pourra regagner son foyer.
Kitano leur présente deux nouveaux élèves très inquiétants. Des coups de feu retentissent pour convaincre les incrédules. Selon la loi de réforme de l'éducation pour le nouveau siècle, ce sacrifice permettra de former des adultes sains.
Abandonnés chacun à son sort avec de la nourriture et une arme, les adolescents disposent d'un délai de trois jours pour s'entretuer.
Une pastiche risible qui, malencontreusement, ne magnifie que les imperfections du pourtant remarquable ouvrage dont elle est adaptée. À commencer par le ton fleur bleue que je signalais dans mon billet et qui est ici exacerbé : les dialogues sont en effet, dans leur grande majorité, pétris de bons sentiments et les relations, elles, guimauves au possible. Au grand dam du spectateur-lecteur – précision de taille car qui n'a pas lu le livre est, à mon sens, nécessairement moins exigeant –, Kinji Fukasaku semble donc n'avoir retenu de Battle Royale que sa kyrielle d'amourettes et ses interludes meurtriers, ce qui est on ne peut plus réducteur. Si les combats – et plus spécifiquement leur degré de cruauté – sont bien reproduits (j'ai particulièrement apprécié le huis clos du phare), la réalisation demeure en revanche, dans son ensemble, monotone et enraye totalement la clé de voûte du roman, j'ai nommé, le rythme haletant. Les raccords simplistes entre passé et présent sont notamment ratés. Quant aux personnages, que je trouvais déjà fort stéréotypés dans le roman, ils sont malheureusement interprétés par de lamentables acteurs qui semblent tout droits sortis d'une parodie et n'ont aucune crédibilité, à l'exception de Takeshi Kitano qui reste, lui, fidèle à lui-même – c'est-à-dire excellent – dans le rôle du supérieur impénétrable et désabusé.
Enfin, le film prend nombre de libertés, ce qui ne me dérange pas en soi, à ceci près qu'elles sont ici presque toutes inutiles. Ainsi, hormis l'addition d'une vidéo de présentation et la plus grande diversité des armes qui renforcent toutes deux l'absurdité du programme, les autres modifications n'ont aucun intérêt. Le prologue du film justifie par exemple l'existence de Battle Royale par une gueguerre complètement futile entre deux générations (les jeunes et les vieux) alors que le roman proposait, lui, une explication brillante. En outre – etlà encore sans raison ni intérêt –le réalisateur modifie le statut de deux personnages (Kiriyama et Kawada) et concentre l'intrigue sur Shuya et Noriko qui, certes, constituent deux figures principales dans Battle Royale mais qui pour autant, n'occultaient pas totalement les autres élèves. Ce parti pris se fait donc, ici, au détriment de la psychologie des autres personnages qui est elle complètement éclipsée. En résumé, un condensé de violence gratuite et incohérente. Et une adaptation profondément décevante enfin, digne des téléfilms qui passent sur M6 le dimanche après-midi.
En deux mots : cruel et simpliste.Le petit plus : et pas des moindres, la présence de Takeshi Kitano (Hani-Bi, Aniki, mon frère ou encore Zatoichi) dans le film. Son personnage (le professeur Kitano) est le pendant cinématographique du sadique Sakamochi que l'on retrouve, lui, dans le roman.N'hésitez pas si :
- vous n'avez encore jamais vu les travaux du peintre Takeshi Kitano (à la fin du film, il dévoile en effet une mystérieuse toile aux traits enfantins qu'il a lui-même peinte) ;
- vous êtes adepte de la scripted reality (un entraînement essentiel qui vous permettra de supporter le jeu insipide des acteurs) ;
- vous souhaitez étendre votre connaissance en nanars ;
- vous avez lu et aimé le roman éponyme de Koushun Takami (auquel cas, l'adaptation cinématographique ne peut que vous décevoir) ;
- vous ne supportez pas la violence (dans la mesure où il s'agit d'adolescents qui s'entre-tuent, vous risquez l'infarctus) ;
- vous n'aimez pas les films kitchs (le film étant sorti il y a plus d'une décennie, ne vous attendez pas à des prouesses techniques) ;