Songes de Mevlido d'Antoine Volodine (2007)

Par Deslivres.fr
Ce que redoute Mevlido, c'est le moment où il doit faire son autocritique devant les membres du Parti ou bien parler de lui lors de son analyse. On voit bien qu'il n'a pas eu à rendre compte du roman de son créateur, Songes de Mevlido, parce que ça, c'est redoutable.
Pourtant la trame narrative est pratiquable. Elle offre même le palpitant du roman d'espionnage politique. Mevlido est membre de l'Organe, lequel lui impose une mission. Mevlido renaît dans la peau d'un flic. On comprend qu'il sue, on comprend qu'il se vide. C'est un temps à venir, après guerre et destruction de l'humanité, c'est le cerveau d'un homme qui a perdu la femme aimée, Verena Becker, massacrée par des enfants-soldats. Commence alors le parcours chaotique du bonhomme à la recherche de l'enfant-soldat ; il se fait dans le songe, entre réalité et rêve. Les lieux et les pensées se superposent, labyrinthe boueux et nauséabond, au sol jonché de junkies et de cadavres, survolé d'oiseaux inquiétants.
Les personnages sont attachants mais échappent à Mevlido qui veut les étreindre mais comme dans les rêves, on n' y arrive pas. Le plaisir de la lecture de ce livre découle du jeu subtil qui consiste à recoler les morceaux de souvenirs .
On aime guetter le narrateur à la première personne quand enfin Mevlido semble trouver la lumière pour sortir de ce bourbier. On assiste à la construction d'un "je", qui, bien que commandité, télécommandé et cerné par le carcan du pouvoir, est désireux de trouver quelque chose.
Il est fortiche ce Volodine parce qu'il ne raconte pas un rêve mais il parvient à faire le plus difficile : suggérer cette atmosphère qui vous colle à l'esprit quand le rêve est pourtant fini et qu'il vous laisses des éclats de sens.