L'Allemagne fait du recel de données volées pour traquer les exilés fiscaux

Publié le 19 avril 2013 par Copeau @Contrepoints

Un Land allemand achète des données volées pour 4 millions d'euros à un délinquant. Le recel de données volées, à l'étranger qui plus est, donnera sans doute de bonnes idées à nos amis de Bercy.

Par Baptiste Créteur.

La traque à la fraude fiscale, c'est toujours une affaire sérieuse. En France, quand on a des doutes sur la probité d'un ministre, on lui pose la question droit dans les yeux. Même si d'autres membres de son gouvernement lui ont demandé de mentir sciemment sur le déficit budgétaire, la croissance et d'autres chiffres sans importance par les temps qui courent, et ont alors pu constater son talent.

En Allemagne, on est un peu plus sérieux et rigoureux, et on achète sans arrières-pensées des données volées et mises aux enchères. On n'hésite d'ailleurs pas à débourser 4 millions d'euros, d'argent tout frais du contribuable honnête, pour financer un disque contenant des données sur les comptes en Suisse de 10 000 fraudeurs. L’État recourt aux services de délinquants pour se rendre coupable de recel de données volées dans un pays étranger : c'est beau. Sans doute certains, à Bercy, se rêvent déjà en Tom Cruise pendus à un câble pour récupérer une disquette en évitant d'être détectés...

Qu'on se le tienne pour dit : qui veut la fin, veut les moyens. L’État n'hésitera pas à traiter avec des extorqueurs de fonds à l'honnêteté plus que douteuse pour mettre la main sur la partie de l'impôt qui lui échappe. Et en France, compte tenu de l'état des finances de l’État, il faut bien se rendre compte que le gouvernement n'hésitera pas longtemps avant d'enchérir sur des données douteuses.

Il y aurait pourtant des possibilités simples pour collecter plus d'impôts.

D'abord, empêcher les entreprises publiques ou para-publiques françaises de pratiquer l'optimisation fiscale tout à fait légale mais si souvent dénoncée. Une idée simple, qui permettrait de donner un peu de crédit à un État exemplaire qui s'affranchit pourtant des règles qu'il fixe aux citoyens.

Il faudrait aussi redonner du crédit aux hommes politiques, à la parole publique, au gouvernement, à la république exemplaire. Quand je m'intéresse au patrimoine des ministres, les bras m'en tombent, et je crains qu'il faille se rendre à l'évidence : leurs propriétés sont largement sous-évaluées, et sans doute certains ont-ils un confortable filet de sécurité, un matelas, un bas-de-laine quelque part dans une banque un peu plus sûre que les principales banques françaises et, peut-être, un peu plus secrète.

Donnons ensuite du sens au principe d'égalité devant l'impôt en soumettant l'indemnité représentative des frais de mandats de nos chers parlementaires à la fiscalité. Les parlementaires ne verront sans doute aucune objection à ce que leurs revenus soient traités de la même façon que ceux des Français qu'ils représentent, d'autant moins que ce sont eux qui votent le budget et disposeraient ainsi de quelques millions d'euros supplémentaires pour donner libre cours à leur folie dépensière.

Bien que les mesures précédentes soient utiles et de bon sens, une idée bien plus simple permettrait d'éviter l'évasion fiscale : réduire la fiscalité.

Trop d'impôt tue l'impôt, les hauts taux tuent les totaux, gagnons gros. La réduction de la fiscalité permettrait d'accroître les recettes fiscales et favoriserait la croissance de l'économie et du pouvoir d'achat. D'autant plus que, selon la direction générale des impôts, "quand on fait un pas, la fraude en fait dix". Plutôt qu'un pas en avant, pourquoi ne pas faire quelques pas en arrière ?