Sex and Violence : la review de Julien Lordinator

Par Katchoo86

Commentateur de l’extrême et grand fan de Cosplay dans le déni, notre ami Julien Lordinator s’est laissé tenter par Sex and Violence du quatuor Jimmy Palmiotti, Justin Gray, Jimmy Broxton et Juan Santacruz.
Voici ce qu’il pense de cette oeuvre un poil décevante selon lui, si vous aussi vous souhaitez poster une review surtout n’hésitez pas, envoyez moi votre texte et je m’occupe du reste

SEX & VIOLENCE  : Un peu des deux, mais pas trop…

Que de belles promesses que le titre de ce creator-owned  ! Annoncé en grandes pompes via Kickstarter, Sex & Violence est en fait le fruit de deux scénaristes  : Justin Gray et Jimmy Palmiotti, qui fournissent chacun une histoire avec pour thème central, le sexe et la violence bien sûr.
Les deux histoires sont radicalement différentes, chacune tablant sur deux ambiances différentes  : Le milieu du porno underground pour la première, le voyeurisme pour la seconde. Les deux histoires étant indépendantes l’une de l’autre, je vais y aller dans l’ordre.

La première histoire, signée Justin Gray s’intitule «  Pornland, Oregon  » est prend pour base la ville de Portland apparemment renommée pour son milieu porno. On y découvre un homme, enquêtant sur la mort de sa petite-fille dont la dernière trace est une vidéo porno dite «  gonzo  » (Du porno amateur assez violent, souvent dédié à internet). Son enquête le mènera à s’intéresser à ce milieu et à découvrir qu’il à peut-être eu un rôle dans la mort de sa petite-fille.
Le pitch de départ semble intéressant, tout du moins au début car le récit, malgré une bonne base se révèle en fait être somme toute assez classique, jusque un dénouement qui laisse une désagréable impression de déjà-vu. De plus, même si le fait de placer l’action dans le milieu du porno est assez originale, ont se rend vite compte que c’est assez secondaire et ont s’éloigne rapidement de ce sujet.
Pour ce qui est de la partie graphique, là c’est un carton plein  : Jimmy Broxton met ce récit en image de mains de maître avec des ambiances sombres, soulevées par des teintes de rouge étouffantes correspondants parfaitement au thème du récit. De ce côté, c’est donc une franche réussite, dommage que le scénario ne tienne pas toutes ces promesses…


En résumé, Pornland, Oregon est un récit qui aurait put être plus incisif aux vues de son sujet particulièrement controversé et sulfureux, malheureusement il n’en est rien, Justin Gray ne prenant pas trop de risque avec son récit en se contentant de raconter une histoire un peu trop classique et au final assez éloignée de ce que semblait promettre l’auteur au départ. L’histoire aurait sûrement méritée d’être un peu plus extrême et de plus collée à son sujet de départ pour complètement convaincre.

Voyons la deuxième partie, intitulée «  A Girl in a Storm  » et signée Jimmy Palmiotti au scénario et Juan Santacruz aux dessins. Cette histoire à pour personnage principal une jeune femme flic dont on devine l’homosexualité de façon un peu suggérée, au fur et à mesure du récit. Cette jeune femme solitaire, stressée par son travail et seule dans la vie va se transformer en véritable voyeuse quand un couple de  deux jeunes et jolies femmes vont s’installer dans l’appartement en face de chez elle. Dés lors, la vie du couple va devenir le seul intérêt de notre héroïne, rythmant sa vie, jusqu’au jour où des événements vont finir par briser le quotidien de notre voyeuse amateur.
On passe donc à une ambiance radicalement différente et contrairement à la première histoire, l’accent est mis ici sur les personnages et l’évolution de notre héroïne qui, au travers du quotidien de ses voisines, va apprendre à s’accepter et s’interroger sur elle-même. Certaines scènes sont assez intéressantes, notamment la discussion sur la plage, que je vous laisse le soin de découvrir.


Même si l’histoire est assez intéressante et ponctuée de passages plutôt réussis, il faut quand même reconnaître que dans l’ensemble, comme la première histoire, c’est tout de même assez classique et le dénouement assez prévisible flirt bien avec le happy-end un peu poussif.
Pour ce qui est de la partie visuelle, Juan Santacruz fait du très bon travail avec notamment une gestion des ombrages et des courbes (pour une histoire montrant pas mal de nudité, c’est plutôt une bonne chose), courbes renforcées par l’excellent boulot de colorisation du studio Challenging. Visuellement et comme pour la première histoire, on a donc du très haut niveau et chaque planche est un régal.
Pour en finir sur ce second chapitre, même si dans l’ensemble cette histoire réussie a passionné plus que la première, une fois la lecture finie on a encore cette sensation d’avoir déjà vu ou lu ça ailleurs. Néanmoins, j’ai personnellement plus apprécié cette seconde histoire à la première, cela vient surtout du fait que le personnage principal est attachant et les quelques rebondissements tiennent en haleine jusqu’au dénouement, même si celui est assez prévisible.
Un bon moment de lecture, sans plus.

En conclusion, est-ce que ce Sex & Violence tient ses promesses avec son titre, soyons franc, un peu racoleur  ? Clairement, non… De la violence, il y en a, beaucoup dans la première histoire, peu dans la seconde, mais franchement pas de quoi s’offusquer. Du sexe  ? Franchement, j’ai lu des comics bien plus suggestifs que ça, ici on a beau montrer de la nudité et des scènes érotique (ma foi assez légères), la dénomination «  sex  » du titre est franchement un peu exagérée et je le répète, j’ai lu bien plus démonstratif que ça.
Donc Sex & Violence porte un titre qui dans le fond ne lui sied pas forcément et malgré les pitchs assez enthousiasmants, je suis ressorti assez déçu de la lecture de ces deux histoires, je m’attendais à quelque chose de plus extrême et de plus audacieux. J’ai eu l’impression que les deux auteurs ne faisaient qu’effleurer les deux thèmes du titre de leur BD et n’ont pas osé prendre des risques.
Après, si l’initiative des deux amis peut motiver d’autres auteurs à se lancer aussi dans la publication de titres un peu plus mature, alors j’espère que cette BD sera la première d’une longue liste.

La réflexion que l’on pourrait également faire c’est est-ce que au final, avec un titre pareil, les deux auteurs n’ont-ils pas voulu faire un effet de buzz autour de leurs deux récits  ? Honnêtement, je me pose la question, malgré l’admiration que j’ai pour les deux scénaristes…