Première démonstration que le goût d’une boisson alcoolisée plus que l’effet enivrant de l’alcool, peut libérer de la dopamine dans les centres de récompense du cerveau et procurer du plaisir, cette étude de l’Université de l’Indiana, renforce, indirectement l’hypothèse que la même libération de dopamine en réponse à des signaux liés à l’alcool est fortement liée à un facteur de risque héréditaire de l’alcoolisme. Les conclusions de cette petite étude sont publiées dans l’édition du 15 avril de la revue Neuropsychopharmacology.
La libération de dopamine dans le cerveau est associée à l’alcool et à d’autres drogues, rappellent les chercheurs d’École de médecine de l’Université d’Indiana, qui montrent ici pourtant que le goût seul, sans effet de l’alcool, peut susciter cette activité de la dopamine dans les centres de récompense du cerveau. Un résultat cependant qui n’est pas nouveau sur l’importance du goût dans la sensation de plaisir. On peut citer cette étude récente présentée à la dernière Réunion annuelle de l’American Chemical Society qui montre que la « boulimie » de chips n’est pas seulement liée à leur teneur en graisses ou en glucides, ou encore cette recherche en technologie alimentaire qui tente de mieux comprendre pourquoi le goût des aliments peut donner cette sensation d’appétissant ou de plaisir.
Ici, c’est par PET scan que ces chercheurs ont suivi 49 hommes en train de « goûter » pour certains de la bière, et d’autres, une boisson énergisante, Gatorade, à la recherche de changements des niveaux de dopamine, ce neurotransmetteur du cerveau associé à l’alcool comme à d’autres drogues. Il faut préciser, car c’est la base même de l’expérience, que les participants n’ont consommé qu’une très petite quantité de leur bière préférée (soit 15 ml), sur une période de temps de 15 minutes, donc sans qu’il puisse en résulter un niveau d’alcoolémie détectable ou un effet enivrant. 2 conclusions s’imposent :
· C’est donc le goût, pas la teneur en alcool : Les images montrent une libération de dopamine plus élevée avec la bière qu’avec la boisson énergisante, mais avec un effet était significativement plus élevé chez les participants ayant des antécédents familiaux d’alcoolisme.
· Les antécédents familiaux d’alcoolisme, facteur majeur de dépendance à l’alcool : Le Pr David A. Kareken, professeur de neurologie à l’UI explique que l’effet plus important chez les participants ayant des antécédents familiaux d’alcoolisme suggère que la libération de dopamine en réponse à ces signaux liés à l’alcool est lié, au moins partiellement à un facteur de risque héréditaire.
Source: Neuropsychopharmacology 15 April 2013 doi:10.1038/npp.2013.91 Beer Flavor Provokes Striatal Dopamine Release in Male Drinkers: Mediation by Family History of Alcoholism (Visuel © Minerva Studio – Fotolia.com)