C’est désormais un objectif en Europe. Espérer vivre en bonne santé, sans limitation d’activité est depuis 2005 un indicateur structurel de l’Union européenne et l’objectif de la stratégie européenne sur le vieillissement actif et cette stratégie vise un gain de 2 années de vie en bonne santé d’ici à 2020. C’est un objectif, qui se veut réaliste car issu du bilan de différentes recherches menées sur l’espérance de vie depuis 2005. Un bilan proposé ici par l’Institut nationale d’études démographiques (INED) dans son numéro d’avril de Population et Société qui pose la question: Dans la réalité, l’espérance de vie sans limitation d’activité va-t-elle continuer à augmenter?
Car l’espérance de vie à la naissance continue d’augmenter dans les pays européens mais les années gagnées sont-elles des années de bonne santé, ou de dépendance et de handicap ? Désormais calculée annuellement par Eurostat, l’espérance de vie en bonne santé est un indicateur reconnu, tout comme l’espérance de vie « tout court » ou la santé ressentie, un indicateur bien plus subjectif.
Evidemment, plus on avance en âge, plus les problèmes de santé sont fréquents et le meilleur exemple est la comparaison des deux sexes. Si les Européennes âgées de 65 ans ont une espérance de vie de 3,5 années plus longue que leurs homologues hommes, l’espérance de vie sans limitation d’activité, ou sans maladie chronique ou même en bonne santé perçue est pratiquement similaire pour les deux sexes.
Alors que l’indicateur espérance de vie faisait déjà apparaître de fortes inégalités entre pays européens, l’espérance de vie en bonne santé est sans pitié avec des écarts encore plus importants, atteignant plus de 10-11 ans pour les espérances de vie sans limitation d’activité. La Suède, le Luxembourg et le Danemark affichent ainsi les meilleures espérances de vie sans limitation d’activité, en bonne santé perçue et sans maladie chronique. Derniers pays sur ces indicateurs, les pays de l’est, comme la Slovaquie, l’Estonie et la Lituanie.
La France, quant à elle est plutôt bien placée. A 65 ans, respectivement pour les hommes/femmes, l’espérance de vie (totale) atteint 18,7/23,2 années, dont, sans limitation d’activité 8,9/9,8 et en bonne santé perçue 6,9/7,6.
Alors, l’espérance de vie sans limitation d’activité va-t-elle encore augmenter ? Si l’on en croit ces dernières données, si l’espérance de vie à 65 ans a gagné 1 an en UE entre 2005 et 2010, si le temps vécu en mauvaise santé perçue a diminué,…le temps vécu sans limitation d’activité reste inchangé. Des conclusions qui s’expliquent aussi par une détection plus systématique des problèmes de santé.
Alors qu’il est connu que l’espérance de vie progresse linéairement depuis les années 40 au rythme constant de 3 mois par an, une étude des données les plus récentes montre que le rythme de croissance de l’espérance de vie durant l’étape la plus récente caractérisée par une meilleure prévention et prise en charge cardiovasculaire, est moins rapide que celui de la période précédente. L’augmentation de l’espérance de vie entraîne donc un défi toujours plus difficile, non seulement le recul de la mortalité à des âges de plus en plus élevés mais aussi une prise en charge sans cesse améliorée des problèmes de santé.
Source: INED Population & Société Les espérances de vie en bonne santé des Européens
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