Ça devait être en 2005. Un vieil homme à la tignasse grise était invité sur un plateau télé pour parler de son nouvel album de reprises de Charles Trenet. Réponses à côté de la plaque, son attitude m’agaçait. Cet homme c’était Jacques Higelin. Il était en direct du Printemps de Bourges, festival cher à son cœur…
Depuis, il a enregistré Je voudrais dormir en duo avec Jeanne Cherhal, sur l’album Douze fois par an de la Nantaise. Il a aussi sorti deux albums studio : Amor Doloroso et Coup de foudre. Je n’y ai jamais vraiment prêté attention, sauf la chanson Queue de paon que j’aimais bien.
Cette année il vient de sortir son dix-neuvième (!) album studio, à 72 ans : Beau Repaire. À la première écoute j’ai été littéralement emporté. Sa voix qui m’agaçait il y’a quelques années, est aujourd’hui devenu comme un repère qui nous guide. Higelin joue avec les mots, avec la mort (La balade au bord de l’eau), mais semble n’avoir jamais été aussi heureux d’être en vie.
Alors c’est un peu compliqué de parler du vieil homme, étant donné que je connais peu de chansons de sa discographie (exceptées Tombé du ciel et Je ne peux plus dire je t’aime). Mais Beau Repaire s’est accroché à moi. On est valsé entre des chansons pleines d’énergies, joyeuses (Seul), où Higelin nous emmène dans sa joie de vivre, et d’autres plus sombres mais pas moins fortes (Pour une fois, Tu m’as manqué).
Jacques Higelin rend aussi hommage à Barbara dans Être là en vie, qu’il désigne comme une araignée du soir, avec une voix qui vous envoie des bas fonds sans effort jusqu’au ciel. Trop jeune pour avoir profité de Barbara de son vivant, je trouve qu’Higelin trouve les mots justes pour décrire une dame dont je découvre de nouvelles chansons chaque jour.
Sur Duo d’anges heureux, accompagné par Sandrine Bonnaire, les deux artistes se livrent à une bataille de mots épique.
[...]
Je te saoule
Tu me broies
Je te bride
Tu me braques
Je te brasse
Tu te coules dans le moule de mes bras
Je te griffe tu te froisses
Je t’enlace tu me gifles
Je te frappe je te bats
Je t’écœure, tu pleuresAvant ce plaqué, avant ce coulé
J’aimais mieux avant
Que l’avant se change en aprèsPourquoi les amants
Après s’être tant aimés avant
Oublient juste après
Tout le bien qu’ils se sont faits
En attendant de croiser Jacques Higelin, furtivement sur le quai d’une gare (Rendez-vous en gare d’Angoulême), ou bien de partir avec lui faire le tour du monde (La joie de vivre), il sera au Casino de Paris le 10 et 11 juin 2013.
Ecoutez l’album sur Deezer ou Spotify.
PS : Valérie Lehoux de Télérama a eu un véritable coup de cœur pour ce disque, et elle a su trouver les mots justes.