Le Front national aime se poser en grand défenseur de la laïcité. Pour cela, il peut compter sur l’insupportable complaisance des médias qui osent faire de Marine le Pen une laicarde convaincue. La récente démission de Benoit XVI, puis l’élection du pape François ont cependant fait de nouveau tomber les masques. Du coté du FN, chacun y est allé de son communiqué pour vanter le bilan du premier et faire l’éloge du second. Par leurs propos, les différents dirigeants frontistes ont une nouvelle fois démontré à quel point leur parti méprise la laïcité. Lorsqu’elle n’est pas antimusulmane, leur vision de ce principe républicain, garant de la liberté, de l’égalité et de la fraternité, est pro-catholique. Dans un cas comme dans l’autre, il s’agit d’une contrefaçon qui doit être dénoncée.
La laïcité est la stricte séparation entre le politique et le spirituel
Comme le répète si souvent mon camarade Henri Pena-Ruiz, la laïcité érige le primat de l’universel sur le particulier. Elle est la stricte séparation entre le politique et le spirituel. Ainsi, elle impose à la puissance publique de ne se soucier que de l’intérêt de tous, sans discrimination ni traitement de faveur. Si aucune religion ne doit être mise à l’index, aucune autre ne doit être mise en avant. Cependant, pour le FN rien de cela n’a de sens. Ce parti use et abuse du terme de laïcité dans l’unique but de le réduire à néant. Le double langage tenu par sa présidente est l’incarnation même de cette volonté de nuire.
Elle qui aime citer Jean-Paul II et avoue avoir » toujours eu pour lui une très grande admiration », a été ému par la démission de Benoit XVI. Dans un communiqué officiel, elle le qualifie de « Sainteté » et lui rend hommage afin de vanter « son action infatigable en faveur de l’universalité des valeurs de la civilisation chrétienne« . Drôle de langage pour un élue disant vouloir défendre ardemment la laïcité. Il y a quelques années elle avait été jusqu’à déclarer « l’Église catholique (…) est là pour fixer la règle« … Que dirait-elle si un élu exprimait de tels propos au sujet de l’islam ?
Pour le Front national, la France est catholique
La présidente du Front national n’a pas été la seule au sein de son parti à réagir suite aux récents événements au Vatican. Le conseiller régional Rhône-Alpes, Christophe Boudot a à son tour salué le pape démissionnaire : « Il a su, dans la continuité de Jean Paul II, conduire notre église dans la paix et le rassemblement de tous ».
Jean-Marie Le Pen, président d’honneur, c’est lui félicité de l’élection du pape François et l’a appelé à défendre « la morale chrétienne et la tradition de l’Eglise catholique« . Dans un communiqué, la vice-présidente du Front National, Marie-Christine Arnautu, a elle déclaré être « certaine que ce nouveau souverain pontife saura renforcer l’Eglise catholique afin que celle ci puisse continuer sa haute mission« .
France Jamet, présidente du groupe FN au conseil régional de Languedoc-Roussillon, a quant à elle accueillie avec joie le choix du nouveau nom du pape : il « a décidé de s’appeler du nom des habitants de la « fille ainée de l’Eglise ». De nombreux sites locaux et régionaux du parti se sont eux aussi exprimés avec enthousiasme, titrant même pour certains d’entre eux (FN Bourgogne, FN Eure-et-Loir, FN Pyrénées-Orientales, FN Villeurbanne, FN Plaine des Vosges…) « Habemus papam » (« Nous avons un pape »).
Florian Philippot, conseiller de Marine Le Pen, a lui aussi été de son petite commentaire, affirmant trouver « lumineux » le nouveau pape avant de s’indigner de façon éhontée de l’absence du président de la République, François Hollande, à la cérémonie d’investiture au Vatican. « On sent quand même parfois des relents de cathophobie dans le gouvernement, c’est évident pour tout le monde »…
Le front national, un parti pro-catholique et donc anti-laïque
Récapitulons, pour le Front national, l’Eglise catholique est « notre église » et la France est sa « fille ainée ». Le pape, aussi qualifié de « Sainteté », est en charge d’une « haute mission » et son rôle est de « fixer la règle ». Quant au tout nouvel élu, l’argentin Jorge Maria Bergoglio dit François, il est « lumineux » et est appeler à défendre la « morale chrétienne » et la « tradition de l’Eglise catholique ».
Tant de propos qui n’auraient rien de choquant s’ils étaient exprimés publiquement par un ecclésiastique. Or, ce sont ici des élus du peuple, qui plus est des élus issus d’un parti disant défendre ardemment la laïcité, qui font l’éloge d’un chef spirituel, qu’ils reconnaissent comme étant le leur. Il faut aujourd’hui, être né de la dernière pluie, aveugle ou tout simplement consentant pour ne pas voir que le Front national est en réalité, un parti pro-catholique et donc anti-laïque.