Pâques venu d’ailleurs…

Comme vous le savez tous, l’une des créatrices du Thé à la Mode est hongroise, et ne peut s’empêcher de vous raconter sa vie, sa culture et son enfance. Aujourd’hui, nous partageons avec vous la tradition hongroise de l’arrosage, « locsolàs » en hongrois.

La Hongrie est un pays catholique. De ce fait, Pâques est une fête très importante. Mais en plus de son coté religieux, on s’attache beaucoup aux traditions, surtout à celle du Lundi de Pâques.

La tradition veut que la veille, le dimanche, les jeunes femmes se mettent à peindre des œuf de Pâques tous plus beaux les uns que les autres. Et pas juste un ou deux, mais tout un panier (qui sera, à son tour, joliment décoré).

Il faut tout d’abord tester ses poumons ! On perce l’œuf à chaque extrémité et puis on souffle dans le trou afin d’en faire sortir l’intérieur. Et puis on répète l’exercice une dizaine de fois… voire une vingtaine…

Les techniques de décoration varient d’une maison à l’autre, certaines préfèrent peindre les œufs de différentes couleurs puis les faire briller avec de la graisse : rouge, vert, bleu, orange… C’est un peu facile comme technique, mais ça marche.

Les plus habiles s’amuseront à peindre des fleurs, des motifs… La créativité n’a pas de limite. Il y a aussi la technique d’impression : mettre l’oeuf entouré de jolies feuilles mortes dans un bas, puis faire bouillir l’ensemble avec un colorant. Le résultat est l’empreinte de la feuille sur l’oeuf. La touche finale est de le faire briller avec de la graisse.

Puis le soir, épuisée, on rassemble ses œufs dans un joli panier en paille, décoré avec des rubans, des fleurs, des feuilles. Et on met le réveil à 5h00 avant de filer au lit ! (vous allez comprendre tout l’intérêt de se réveiller tôt)

A 5h00 sonne le réveil. Si vous avez de la chance, personne ne vous a réveillée avec un seau d’eau froide! La tradition est belle, mais la pratique laisse parfois à désirer !

Grosso modo, voici la tradition : Tôt le matin, les garçons du village font du porte à porte pour voir chaque jeune fille. Ils sonnent et réclament les demoiselles de la maison. Une fois que celle-ci arrive, ils récitent un poème très connu :

« J’ai marché dans une forêt verte, j’ai vu une violette bleue, elle était en train de sécher, puis-je l’arroser ? »

Les filles répondent automatiquement « oui », et reçoivent un jet d’eau. En échange de cette gentille attention, les filles offrent aux garçons un de leurs œufs de Pâques. Les filles réservent souvent le plus bel œuf à l’élu de leur cœur.
Bien sûr, les plus belles jeunes filles reçoivent la visite de tous les garçons du village et font la fierté de leur famille !

N’est-ce pas mignon ?!

Oui mais…. Vient la pratique, et là vous allez rire de la perfidie des garçons à transformer cette fête féerique en film d’horreur ! (bon j’exagère)

En pratique, le lundi de Pâques, ne restent à la maison que les courageuses. Depuis tôt le matin, l’idée est de devancer la jeune fille, les hommes s’organisent pour cacher les seaux d’eau froide près de l’entrée. Puis ils sonnent uniquement avec une bouteille de parfum. Après avoir récité le poème, la course à pieds commence. Les filles se rendent compte qu’au lieu du parfum, elles auront droit à plusieurs seaux d’eau froide et donc essayent de s’échapper. Le plupart du temps, c’est peine perdue, elles sont trop coquettement habillées pour courir vite… La scène est très drôle à voir, moins quand on est celle qui court…

Au final, les garçons réussissent quasiment toujours à arroser la fille, souvent avec l’aide du père ou des frères. La jeune femme, complètement trempée, donne ensuite l’œuf, et part se sécher et se changer. Bien sûr, il n’y a aucun mal. Si cela arrivait une seule fois dans la journée… Mais NON, puisque toutes les connaissances (garçon ou homme) se succèdent à la porte ! L’autre façon maligne d’arroser est d’utiliser un parfum qui sent extrêmement fort et mauvais, et de le vaporiser dans les cheveux. Bonjour le lavage du cuir chevelu 15 fois dans la journée…

Malgré tout, je trouve le « locsolàs » vraiment touchant. Ça me manque quand je passe le Lundi de Pâques en France…