Par définition, une entreprise existe pour réaliser des profits. Ce faisant, les gestionnaires étudient sérieusement toutes les dépenses et tous les investissements effectués par leur entreprise. Jusque-là, je suis parfaitement d’accord avec le principe. Toutefois, en tant qu’experte en modélisation financière, je demeure souvent perplexe par rapport à l’analyse et aux calculs que les gestionnaires font lorsque vient le temps d’embaucher un expert, dont je suis. L’objectif de ce billet est d’illustrer toutes les étapes que devrait comporter une analyse comparative entre l’embauche d’un expert et l’utilisation d’une ressource interne. Vous comprendrez que cette analyse repose en partie sur des éléments quantitatifs (souvent les seuls sur lesquels les gestionnaires se basent pour prendre leur décision) et sur des éléments plus qualitatifs (qui ne doivent pas être soustraits de l’analyse, bien au contraire).
Le recours à un expert
Éléments purement quantitatifs
Je vais vous parler de l’exemple que je maîtrise le mieux, soit celui de l’embauche d’un expert en modélisation financière vs l’utilisation d’une ressource interne (contrôleur financier, directeur des finances, CFO) pour l’élaboration d’un modèle financier.
Les premiers éléments quantitatifs à considérer ont trait aux dépenses que doit effectuer l’entreprise pour l’embauche de sa ressource interne. En général, une ressource en finance coûtera à l’entreprise 75K$ en salaire de base, auquel on ajoutera un bonus d’environ 10%, des avantages sociaux d’environ 12% et des dépenses liées au fait de subvenir aux besoins de la ressource interne (bureau, ordinateur, logiciels, formations, sorties, etc.) d’environ 10K$ par année.
Le deuxième bloc quantitatif à considérer est le nombre d’heures travaillées par le salarié. En moyenne, un employé sera au bureau 8 heures par jour mais prendra du temps pour manger le midi et pour effectuer des tâches administratives durant la journée (courriels, téléphones, etc.). Le temps réel consacré au travail dans une journée devra donc se calculer comme suit:
Note: Vous serez sans doute d’accord que l’employé prendra aussi un peu de temps pour discuter avec ses collègues, rêvasser un peu dans son bureau et effectuer quelques tâches personnelles alors que l’expert ne chargera pas les heures qu’il prendra pour de telles activités.
Le troisième bloc quantitatif à considérer est le nombre de jours travaillés dans l’année. Une ressource senior en finance aura généralement droit à 4 semaines de vacances par année. Il faut donc en déduire que le nombre de jours travaillés sera de 240 jours. À cela, on doit ensuite retirer les journées fériées, les journées maladie, les journées de rencontres/réunions et les journées d’activités de l’entreprise (colloques, congrès, activités sociales). On aboutit donc avec un nombre de jours travaillés de 211.
Le quatrième bloc quantitatif à considérer est le calcul du taux horaire équivalent. Nous avons calculé plus haut le nombre d’heures de travail par jour à 6h et le nombre de jours travaillés à 211, ce qui fait un total de 1266 heures travaillées par années par le salarié. En divisant le salaire total, 101,500$ dans notre exemple, par ce nombre d’heures, nous obtenons un taux horaire d’un peu plus de 80$ de l’heure. Comme un expert a l’habitude de réaliser ce type de mandat, a les outils nécessaires et parfois des modèles pour l’aider à cheminier plus rapidement, il sera nécessairement beaucoup plus efficace à la tâche que le salarié. En outre, il ne commettra pas les mêmes erreurs, qu’il faudra reprendre en investissant du temps supplémentaire. Ce facteur d’efficacité se situe, dans mon exemple, entre 2 et 4. En tant que formatrice en modélisation financière auprès d’experts en finance, je suis à même de valider que ce facteur est souvent même beaucoup plus élevé. Je m’aperçois très souvent que ce que je peux accomplir en 5 minutes, en tant qu’experte, peut prendre jusqu’à une heure pour une personne qui n’est pas habituée à le faire. Ce facteur de 2 à 4 est donc plutôt conservateur.
Qu’est-ce que cette analyse quantitative nous apprend?
En somme, on s’aperçoit que si l’entreprise paie entre 160$ et 320$ de l’heure pour un expert en modélisation financière au lieu d’utiliser une ressource interne, en termes strictement mathématiques et financiers, elle sera gagnante. Maintenant, il faut aussi ajouter à cet argument tous les avantages qualitatifs.
Avantages qualitatifs
Nécessairement, de par son expérience répétée à accomplir le même type de mandat, l’expert, dans ce cas ci en modélisation financière, constuira des modèles beaucoup plus robustes, qui ne comporteront pas d’erreurs de calculs. Si jamais des erreurs de calculs étaient éventuellement décelées, l’expert ne chargera pas de frais supplémentaires pour corriger le tout, tandis que le salarié consommera des heures supplémentaires. Le fait que l’expert ait travaillé dans une multitude de dossiers fait en sorte qu’il proposera nécessairement une meilleure approche et il évitera sans aucun doute les pièges dans lesquels le salarié sera attiré. En somme, l’expert, en plus de ne pas perturber les activités habituelles de l’entreprise (le salarié continue d’effectuer son travail habituel), saura proposer des solutions plus durables et plus rentables à moyen et long terme. Dans notre exemple, il est important de considérer le fait que les ressources senior en finance dans l’entreprise ont d’abord et avant tout été embauchées pour leurs capacités d’anlayse avancées et qu’il sera toujours plus profitable pour une entreprise de les utiliser à cette fin et de laisser les tâches plus spécifiques à des experts.
Vous aimez cet article?
Je vous invite à le partager dans vos différents réseaux sociaux et également à laisser un commentaire plus bas.