Molex, Petroplus, Florange : « l'État ne peut pas tout ! » ???

Publié le 17 avril 2013 par Despasperdus

Moins d'un an après le 5 mai 2012, les travailleurs de Florange et de Petroplus doivent avoir en tête les promesses du candidat Hollande sur l'interdiction de la fermeture de sites rentables ou stratégiques pour le pays.

Après tout, comme disait Henri Queuille, un politicien corrézien admiré par le depuis (sans fond) Président :

« Les promesses n'engagent que ceux qui les croient. »

Mais aujourd'hui, après la décision du tribunal de commerce de Rouen pour le site de Pétroplus, et la diffusion du documentaire sur France 5 relatif à la lutte des sidérurgistes de Florange, nous reviennent en mémoire les paroles de Lionel Jospin prononcées 13 ans plus tôt :

« L'État ne peut pas tout ! »

Si l'État ne peut pas tout dans le contexte de l'économie capitaliste mondialisée, et après l'échec de l'expérience soviétique, il n'en demeure pas moins que la puissance publique a malgré tout des obligations, en particulier celles de garantir l'indépendance du pays, laquelle passe par la capacité à se défendre sur tous les terrains, y compris économique.

Aussi, même si l'économie de marché impose aux différents acteurs à se spécialiser et quand bien même les fanatiques de la mondialisation nient aux États le rôle d'acteur économique, il en ressort que c'est au pouvoir politique de définir jusqu'où la puissance régalienne est prête à agir et à laisser faire.

La réponse de la majorité PS-EELV aujourd'hui aux commandes de l'Etat est claire :

  • D'abord, elle se limite à prendre acte des décisions de fermeture prises unilatéralement par des multinationales qui s'inscrivent dans une logique plus financière qu'industrielle.
  • Ensuite, la réponse consiste à rechercher un éventuel repreneur pour montrer combien le gouvernement est solidaire et volontaire, et accessoirement, enfumer les futures victimes du capitalisme financier.

C'est la réponse d'un pouvoir politique impuissant qui n'essaie même pas d'engager un rapport de forces avec la multinationale. Un pouvoir soumis aux dogmes de l'idéologie néolibérale qui estime à l'instar des déclinistes, quand on lui rappelle l'importance de certains secteurs industriels clés pour l'indépendance de la France, qu'il ne faut plus raisonner à l'échelle du pays mais de l'UE.

Cette logique néolibérale est irresponsable d'un point de vue écologique et même économique parce que le coût d'acheminement des produits de la sidérurgie et des hydrocarbures raffinés va forcément exploser à moyen et long termes avec la raréfaction des sources d'énergie carbonée.

Irresponsable également quant à l'indépendance nationale parce ces deux secteurs industriels sont indispensables à toutes les autres productions.

Irresponsable socialement dans des régions où les emplois stables à plein temps sont extrêmement rares.

Irresponsable politiquement parce que cette impuissance volontaire, produit de la soumission au néolibéralisme, profite au Front national qui brandit le fameux "UMPS", version relookée du "ni gauche ni droite" de l'extrême droite traditionnelle,

Moins d'un an après la défaite de la droite, force est de constater que de Sarkozy à Hollande, la désindustrialisation du pays continue au même rythme. Et la crise aussi...

Mais la crise n'est pas une fatalité, c'est un système qui perdure depuis au moins 30 ans et qui permet aux capitalistes de reprendre le pouvoir en imposant la régression sociale avec la complicité d'une droite et d'une social-démocratie démissionnaires et impuissantes, réduites à gérer les affaires courantes et à ostraciser l'étranger pour séduire les électeurs attirés par le discours du FN.

Aussi, la marche du 5 mai pour la VIème République doit rassembler toutes celles et tous ceux qui refusent l'impuissance et la démission du politique au nom de TINA et qui affirment qu'une autre politique sociale, écologique et économique est possible.

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Note

[1] le dernier visuel est de l'Agence Commune communication