Tokushima!

Publié le 17 avril 2013 par Sylvainbazin
Je vous écrit depuis ma petite chambre du minshuku ( ainsi nommé t on ici les pensions de famille) a Tokyshima. L établissement, Sakura So, est assez modeste, donne directement sur la voie ferree, mais la chambre est sympathique et le prix modeste pour un hébergement japonais.On offre un the et quelques biscuits au client, pour l accueillir dans sa chambre. intention raffinée si typique. Le futon et l aménagement sont typiquement japonais, aussi.
J aime décidément bien ce rapport a l espace qui ne s encombre pas trop de meubles, ou plutôt ou les meubles sont justement mouvant, comme l indique après tout l étymologie du mot en français. L amovible semble de mise et l espace n est ainsi pas perdu pour différents usages.
On vit également beaucoup plus près du sol que chez nous, ce qui occasionne certes certaines contorsions mais après tout quand je vois la souplesse et la facilité qu on Typhoon et Yûko a se lever et s assoir je me dis que cela doit largement préserver leur souplesse. Décidément, pour chaque chose rien ne vaut un entretien régulier.
Je suis parvenu a Tokushima après 2:30 de bus depuis le centre d Osaka, ou Typhoon, toujours prévenant, m avait accompagné après le déjeuner, pris dans un petit restaurant tout a fait traditionnel également. Ma technique de l usage des baguettes progresse a grand pas. En fait, une fois bien explique, elles sont très faciles d utilisation, même si pour couper certains aliments je regrette encore la fourchette et le couteau. La matinée quant a elle m avait vu préparer mon sac a dos. Aucun soucis si ce n est que j ai oublie mon matelas, mais je vais essayer de trouver ça sur le chemin pour les nuits que je passerai dehors ou sous un abri de pèlerin.
Au petit déjeuner, la télévision japonaise, par ailleurs très dépaysante avec des émissions ou l on voit par exemple des lutteurs de Sumo répondre a des devinettes étonnantes comme de reconnaître un portrait de Marie-Antoinette, montrait en boucle les images de l attentat de Boston. L émotion de voir ce rassemblement populaire et si symbolique du marathon attaque ainsi est ici partagée. Entre témoignages de coureurs japonais et informations, la terrible nouvelle est largement commentée.
Le voyage vers Shikoku est donc assez court, sur une autoroute qui traverse un paysage d abord très urbain puis plus dégagé d habitation.
Le pont qui relie Honshu a Shikoku, construit en 1986, a beaucoup change la situation de l île, autrefois reliable uniquement par ferry. Du coup, même si Shikoku reste une partie très traditionnelle du Japon, la modernité y est davantage présente.
Tokushima semble d ailleurs être une ville moderne, avec ses buildings et ses larges centres commerciaux que j arpente ce soir. Beaucoup de boutiques de fringues dont les japonaises surtout ont l air de racoler. Les petites montagnes très arborées qui entourent la ville me font un peu penser a un Hong Kong dans des proportions bien moins effrayantes et une modernité plus relative.
Cette journée se termine donc pas une petite promenade urbaine avant mon vrai départ sur le chemin, demain. Un départ que je ferai sans doute en douceur, comme je veux aborder ce voyage. D abords pour laisser mon corps se remettre en train après une dizaine de jours sans trop courir, et puis pour m adapter tranquillement a cet environnement, a ce voyage que je veux très intérieur aussi.
Je suis, encore et toujours, en recherche. D un sens profond a l existence, de la grande âme du monde et beaucoup, toujours, de moi- même. Les chemins de la spiritualité universelle ne peuvent que m aider dans cette quête, outre le fait finalement simple et si riche qu'ils me permettent de découvrir le monde d'une certaine façon.
J'aimerai trouver sur ce chemin une forme d equanimite. Un détachement que je pense atteindre parfois pour certaines choses, mais qui ne me garantit pas des émotions négatives.
L an passe fut pour cela une certaine épreuve. Mais jusqu ou aller dans le détachement est également une question qui m anime. J'ai également envie de vivre et se retrancher de tout l aspect émotif de la vie me parait aussi être un grand risque et pas forcément un gage de bonheur. Je me suis certes toujours senti un peu a part dans la société mais tout de même bien dedans, et ne veux sans doute pas m en exclure. Même si se frotter au monde, au désir et aux sentiments n est pas sans risque.
J'ai eu parfois l'impression, l'an passe, de vivre des instants "scénarises" notamment lors de toute mon aventure au Népal. Entre l accident, le fait d y survivre et d être aide, la convalescence qui se passe si bien au départ, le début pensais je d une belle histoire, et puis le refrain de la solitude et du doute qui revient comme l hiver. Le doute d avoir jamais une place dans un cœur aime, le doute que cette liberté pour laquelle je me bats tant, vraiment, entraîne de gros prix a payer. J ai sans doute des enseignements a tirer de cet episode tres contraste.
Mais heureusement le projet de ce nouveau voyage a pied m a bien relancé dans une meilleure direction, et c est celle que je vais tenter de suivre ici. Une direction également indiquée par tous ceux qui m ont apporté leur soutien et que j emmène sur ce chemin avec moi.
Mais prendre le chemin comme il vient et l investir du temps présent et de son atmosphère sera le premier but de ma marche sur ce chemin des 88 temples ou chacun, comme sur le Saint-Jacques, peut je pense venir chercher ce qu il veut .
Photo : hier, découverte d Osaka.
Aujourd'hui arrivée dans la ville de Tokushima, la porte du chemin des 88 temples.