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[Turquie] "Il ne faut pas se reposer uniquement sur son innovation en interne !"

Publié le 17 avril 2013 par Pnordey @latelier
Alaaddin Alpay

A un moment où les sources de revenus traditionnelles des opérateurs ne suffisent plus, il faut créer de nombreux services ajoutés. Pour Turkcell, la stratégie a consisté de le faire à s'ouvrir à l'externe, en travaillant notamment avec des startup.

Entretien avec Alaaddin Alpay, à la tête du pôle Entrepreneuriat chez Turkcell.

L'Atelier : En Turquie, banques et opérateurs sont réputés pour être particulièrement innovants. Pourquoi ?

Alaadin Alpay : Pendant longtemps, les marges des opérateurs ont été très importantes. Elles sont toujours confortables, mais le paysage est en train de changer, notamment avec la montée en puissance des entreprises du web. Il nous faut donc tout faire pour nous différencier et améliorer ce que j'appellerais nos muscles de compétition !

L'autre chose, c'est que les appareils se perfectionnent constamment, et le taux de pénétration ne cesse d'augmenter, sur les marchés matures comme dans les pays émergents. Résultat : les consommateurs sont aussi plus exigeants, qui attendent que nous leur apportions certains services, et que nous améliorions leur expérience digitale.

Et pour accélérer cette innovation, vous avez décidé de vous ouvrir vers l'externe.

Oui, tout à fait. Pour y parvenir, nous nous sommes engagés dans la création d'un portfolio conséquent d'outils innovants. Cela, via notre département R&D, mais aussi en collaborant avec des universités, des entreprises, des startup... Nous avons décidé de ne pas nous reposer uniquement sur notre innovation en interne. Nous travaillons avec une centaine de partenaires, spécialisés dans de nombreux verticaux (entreprises de design, d'expérience utilisateur...), afin d'avoir un maximum d'approches différentes.

Comment collaborez vous avec le monde des startup ?

En détectant celles qui pourront nous aider à innover, et en combinant nos atouts. Pour la détection, nous travaillons par exemple avec des programmes d'incubation en Turquie, qui nous permettent d'identifier les startup les plus prometteuses, et qui les préparent à devenir opérationnelles.  Nous participons d'ailleurs à ces étapes, les aidons à croître (mentoring...). Une fois qu'elles ont atteint une taille conséquente, nous regardons si nous pouvons élaborer des partenariats. Dans les années 2000, par exemple, nous avions lancé l'un des premiers incubateurs du pays avec Ericsson, CreaWorld. Le centre aidait des jeunes pousses à développer des services à valeur ajoutée. Aujourd'hui, nous comptons parmi nos partenaires réguliers certaines de ces startup qui débutaient à l'époque. Nous les avons sélectionnées car nous voyions leur potentiel de développement et croyions en leur capacité d'exécution.

Un autre exemple est celui fait avec Done, l'un de nos principaux partenaires, et qui réalise des applications mobiles. Ils étaient une jeune startup de l'événement CreaWorld, et ils emploient maintenant plus de 20 employés pour une large gamme de produits. Ils sont même maintenant en position d'incuber des startup !

Qu'en est-il en Turquie de la collaboration entre grands groupes et startup ? Voit on de l'appréhension de la part des jeunes pousses à être "absorbées" ?

C'est vrai que beaucoup de startup sont timides, et craignent encore que les entreprises n'essaient de leur voler leurs idées. Si celles-ci ne sont pas brevetées, évidemment il y a un risque. Mais comme souvent, le plus important n'est pas l'idée mais la capacité d'exécution.

Je crois que pour un grand groupe, il s'agit d'une question de culture, d'image. De notre côté, nous passons le message aux startup de venir avec leur produit, nous verrons ce que nous pouvons faire ensemble. Il faut construire une image de confiance, faire en sorte que les entreprises avec qui nous aurons collaboré s'exprimeront en soulignant ce que Turkcell a fait pour elles.

A part votre activité R&D, encouragez-vous également l'innovation en interne ?

Oui, nous avons une plate-forme digitale sur la laquelle les collaborateurs peuvent partager leurs idées, les noter. Les meilleures sont sélectionnées et un concours récompense la plus prometteuse. Si cela est possible, le projet proposé est mis en œuvre. Si son concepteur dispose des compétences nécessaires, il peut s'y atteler, sinon nous confions la mission à d'autres personnes.


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