Ce Combat ordinaire porte bien son nom. Loin des scénarios alambiqués, loin des univers fantastiques torturés, souvent lourdingues, cette série est un chef d’œuvre de subtilité, de tendresse et de mélancolie. Une collection qui rejoint dans mon panthéon BD ces perles rares que sont l’Ascension du Haut Mal de David B, Blankets de Craig Thomson, Black Hole de Charles Burns ou encore Quartier lointain de Taniguchi, dont j’avais parlé sur ce blog.
Le Combat ordinaire c’est celui d’un jeune photographe confronté aux petits bonheurs et aux affres de la vie : l’amour, la contemplation des visages, des paysages et des animaux, l’angoisse, le deuil, la difficulté de communiquer, les certitudes ou le snobisme des uns, la lâcheté des autres, et surtout le temps qui passe et qui emporte avec lui la naïveté de l’enfance et les rêves de jeunesse. En tâche de fond, le héros est confronté à certains événements sociaux et politiques récents.
Rien de bien neuf me direz-vous ? Sauf que ces thèmes sont peu développés dans la BD et, quand ils le sont, c’est rare
qu’ils soient traités avec autant de sensibilité et de justesse. La
façon dont l’auteur use par exemple des silences et des non-dits est
remarquable.
Parce qu’il
est, comme nous tous, constitué de fêlures et de paradoxes, tour à tour
capable de lâcheté et de courage, le héros du Combat ordinaire est l’un
des personnages les plus attachants de la BD contemporaine.
En guise de
conclusion, je ne résiste pas au plaisir de vous énumérer les titres de
ces petits joyaux : 1. Le Combat ordinaire. 2. Les Quantités
négligeables. 3. Ce qui est précieux. 4. Planter des clous. Si vous ne
connaissez pas encore le Combat ordinaire, et que ces titres
magnifiques ne vous donnent pas envie de vous précipiter chez votre
libraire avant la sortie de GTA IV alors fuyez ce blog !
Bon, ceux qui me reprochent parfois de parler trop souvent de jeux vidéo en sont pour leurs frais : pour une fois, j’ai réussi à parler d’autre chose ! Enfin pas tout à fait quand même... Pour être honnête, il faut préciser que le frère du héros est scénariste de jeu vidéo ! (il bosse pour Infogames !). C’est d’ailleurs le personnage qui semble le plus seul, le plus désespéré et le plus inquiétant. Va savoir pourquoi…