The Red Riding Trilogy : 1980 (James Marsh, 2009)

Par Doorama
En 1974 les quelques meurtres dans le Yorkshire n'étaient que le début d'une longue série... En 1980, il est est maintenant une urgence d'arrêter la macabre série du Jack L'Eventreur du Yorkshire... L'inspecteur Peter Hunter est détaché de Manchester pour assister la police dans son enquête, et il connaît bien ce à quoi il va être confronté, puisqu'il avait en 1974 enquêté sur la tuerie du Karachi Club... Et si tous les crimes n'étaient pas dus qu'à l'éventreur ? Qu'à donc à se reprocher la police locale ?
C'est à cause de James March que la rédaction s'est penchée sur The Red Riding Trilogy, largement séduite par l'intéressant Shadow Dancer. James March réalise donc le deuxième opus de ce cette sombre trilogie, basée construite sur une intrigue mêlant meurtres et corruption, sur cette "simple" enquête qui tourne à l'investigation complexe et au long cours. 1980 change de registre pour se concentrer sur la recherche du tueur. 1974 ajoutait à ses meurtres un contexte trouble, 1980 augmente la liste de ses meurtres, trouble encore davantage la donne et déterre de vieux cadavres... Ca se complique...
6 ans que les cadavres s'amoncellent sans livrer de coupable... Peter Hunter connait bien les policiers en charge de l'enquête, pour avoir enquêté sur la tuerie qui clôt le premier opus et commencé à fouiller dans des pratiques peu transparentes. Mais son enquête était restée inachevée (encore un dossier nauséabond ouvert, mais par refermé, comme Red Riding en compte des tas !) en raison d'un drame personnel. Il revient donc en territoire connu, mais il n'est pas le bienvenu : hors de question qu'il mette à jour les petits secrets locaux, hors de question qu'il ne résolve la série de meurtres que laquelle ils travaillent en vain depuis des années. Comme dans le volet 1974, rien ne déroulera aussi simplement qu'il le devrait ! L'enquête cette fois concentrée sur la recherche de l'éventreur, centrale dans ce segment, se paie même le luxe d'être reléguée au second plan derrière les magouilles et les secrets locaux : Red Riding Trilogy continue de surprendre en déplaçant sans cesse ses enjeux.
Toujours élégante et soignée, la réalisation de 1980 semble plus dense et rythmée que son prédécesseur, comme moins éthéré, mais ce n'est qu'apparences. James March, dont nous sommes décidément très preneur de son style de réalisation, sur le fond comme sur la forme, donne à cette seconde époque une opacité et une épaisseur tout à fait intéressante. Comme un mille-feuilles, les difficultés à éclaircir la situation se superposent, comme dans 1974, l'enquête est sans cesse freinée par le soulèvement de nouvelles questions qui pourraient modifier la donne initiale. Entre sa situation personnelle, amoureuse et professionnelle, Peter Hunter s'enfonce lentement de son univers Manchestérien, bien rangé et cloisonné, dans un système structurellement défaillant et corrompu qui finira par le broyer.
C'est intelligemment fait, mystérieux à souhait, opaque, étouffant, visuellement très abouti et une fois de plus efficacement stimulant ! The Red Riding Trilogy ajoute avec ce pan-là une nouvelle dimension à ses atouts... 1974 était passionnant, surprenant, mais était encore autonome... 1980 propose une nouvelle trame, de nouvelles directions, tout aussi passionnantes, mais il redessine le premier épisode... La trilogie prend forme et sa vraie nature apparaît, plus complexe qu'elle le paraissait, peut-être même sur un autre sujet que celui qu'on pensait avoir identifié ! Dans Le Parrain, on dessinait une famille, un empire, vu de l'intérieur, Red Riding Trilogy, avec ce second opus, s'attaque finalement à toute autre chose qu'une enquête : ce qu'il construit est bel et bien une saga, un portrait de famille au centre d'un empire, mais vu de l'extérieur, et de manière partielle. C'est morceau par morceau que se dessine ce portrait de la police du Yorkshire, il apparaît derrière les interstices laissés vides par son enquête de premier plan sur l'éventreur... Tout semble décidément caché dans Red Riding, ce qu'il y a à voir n'est pas au premier plan, mais bien derrière ! The Red Riding Trilogy, en plus de sa reconstitution d'époque particulièrement agréable, propose un lent cheminement, des plus passionnant, des trompeuses apparences vers la véritable nature des choses... La trilogie s'épaissit, et devant son habilité à jouer avec le spectateur ne peut que convaincre ! Millénium, Pusher, Seven ou pourquoi pas Angel Heart : tout ce que nous évoque The Red Riding, par ses détails, son ambiance ou ses choix narratifs, ne nous rappelle que du bon, sinon du solide ! ... le tout avec une personnalité folle.


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